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Dès les premières pièces de ce deuxième album – en deux ans – de l’Australien Kim Churchill, on se demande si, pour avoir fait aussi vite, l’homme-orchestre n’avait pas déjà écrit ses 11 nouvelles chansons en même temps que son album homonyme, tant elles sont semblables. Mais, tout compte fait, on s’en fiche, parce que le résultat est bon, voire excellent.
Malgré les rythmes, l’univers, les sonorités et l’orchestration, qui sont absolument identiques au premier album, on tombe à nouveau sous le charme de Churchill. On retrouve sur Detail of Distance sa voix caractéristique, chaude et envoûtante, bien qu’elle ait certainement gagné en assurance. Il faut dire que l’Australien a passé les trois dernières années de sa vie sur la route à performer, ce qui est très formateur. «Je suis très fier de l’album. Les chansons découlent de mes voyages partout à travers le monde; chacune d’entre elle présente une saveur propre à l’environnement dans laquelle elle a été écrite.»
Kim Churchill, le jeune musicien de 22 ans, impressionne avec sa voix particulière et la maîtrise parfaite de son instrument. Si son finger picking épate, la façon dont il utilise sa guitare, parfois comme instrument de percussion, apporte également une touche singulière à sa musique. C’est avec cette maturité précoce que Churchill présente son folk assumé, qui flirte avec le rock, comme en témoignent les pièces «Bathed in Black» et le premier extrait, «Season’s Grind». Le refrain accrocheur de cette cinquième pièce était d’ailleurs le choix parfait à envoyer aux radios et ainsi attirer l’attention d’un nouveau public.
Pour les fidèles, Kim Churchill ne déçoit pas non plus. Bien sûr, malgré les ressemblances, on y retrouve néanmoins la même force que naguère, c’est-à-dire des textes matures, une instrumentation sobre et puissante à la fois, comme l’harmonica (par exemple, sur la pièce d’ouverture, «Coded in Concrete»), et le caractère naturel de la musique. Il nous plonge aussi dans son intimité profonde avec des chansons comme «It Will Be Morning Soon» ou «Wander the Tracks», qui débute même avec un accord de préparation et une inspiration profonde, de la même façon que Churchill avait débuté «The Battle of Mr. Shibuya» sur son premier album, à savoir en se raclant la gorge.
Bref, les fans seront loin d’être dépaysés, même qu’ils pourraient être agréablement surpris par la tournure rock qu’a adoptée Kim Churchill sur Detail of Distance, tout en conservant ce qui l’a servi jusqu’à maintenant: son charme et son lyrisme. Mention spéciale à la collaboration avec Babette Hayward sur la sixième piste, qui s’accorde à merveille avec la voix du chanteur australien. C’est donc avec une assurance nouvelle qu’il nous offre ce second chef-d’œuvre folk, et à juger par son jeune âge et l’expérience qu’il a acquis au fil de ses tournées – il sera d’ailleurs au Canada dès le 6 juin -, il semble juste d’affirmer que Kim Churchill est un artiste qui ne cessera jamais de nous épater, ne serait-ce que pour son jeu de guitare absolument impeccable.
L’album Detail of Distance de Kim Churchill sera en magasin à compter du 15 mai 2012.
Appréciation: **** ½
Crédit photo: James Looker
Écrit par: Alice Côté Dupuis