Découvrez les histoires vraies qui se cachent derrière les paroles de vos chansons préférées (partie 4) – Bible urbaine

Musique

Découvrez les histoires vraies qui se cachent derrière les paroles de vos chansons préférées (partie 4)

Découvrez les histoires vraies qui se cachent derrière les paroles de vos chansons préférées (partie 4)

Vous ne les écouterez plus jamais de la même manière!

Publié le 27 septembre 2024 par Manon Beauchemin

Crédit photo : Tous droits réservés @ Montage photo par Manon Beauchemin

Avec cette série, Bible urbaine s'intéresse aux histoires vraies qui se cachent derrière les paroles de chansons connues, tous genres confondus. Pour cette quatrième partie, nous nous sommes penchés sur le morceau explosif d'un groupe rock canadien, qui a eu l'audace d'aborder un sujet véritablement controversé en musique, en plus de renchérir avec une vidéo tout aussi évocatrice! Nous nous sommes également intéressés à la chanson engagée d'un groupe de métal bien établi, qui a effectué un retour en musique afin d'amasser des fonds pour son pays d'origine. Et enfin, nous avons analysé une pièce troublante d'un rappeur américain bien connu pour semer la controverse.

«Devil in a Midnight Mass» de Billy Talent

Tirée de l’album Billy Talent II (2006)

«Devil in a Midnight Mass» est le premier extrait du deuxième album de Billy Talent, sorti en 2006.

Celui-ci raconte l’histoire sordide de John Geoghan, un prêtre catholique affecté aux paroisses de l’archidiocèse de Boston dans le Massachusetts que l’Église a réaffecté à plusieurs postes paroissiaux aux États-Unis en raison des nombreuses accusations d’agressions sexuelles sur de jeunes garçons qui pesaient contre lui.

Même après avoir été contraint à subir un traitement pour la pédophilie, Geoghan a été déplacé à maintes reprises à travers le pays par l’Église, ce qui lui a permis d’exercer son pouvoir et d’agresser de nombreux enfants sur une période de plus de trente ans, jusqu’à sa retraite en 1993.

Le Boston Globe a ensuite mené une enquête qui a permis de mettre en lumière les comportements déviants de Geoghan ainsi que l’implication de l’Église catholique dans cette affaire. Le film Spotlight porte d’ailleurs sur cette histoire troublante.

Dans une vidéo publiée sur la chaîne YouTube du groupe, le chanteur de Billy Talent, Benjamin Kowalewicz, s’est exprimé sur l’origine effroyable de la chanson. Après avoir pris un long soupir, il s’est exclamé:

«Ce n’est pas un sujet dont il est facile de parler; c’est un peu tabou, c’est pour ça que nous voulions le faire, c’est pour dire que ces choses se passent réellement et que nous devons en parler. Et nous devons prendre soin de ceux qui ont été affectés».

Les paroles fortes de la chanson arrivent réellement à mettre les mots justes sur les terribles événements vécus par les victimes du prêtre sans scrupule.

Paroles de la chanson «Devil in a Midnight Mass» de Billy Talent

Le morceau s’ouvre sur le son d’une guitare qui semble possédée. C’est d’ailleurs cet extrait qui a poussé le chanteur du groupe à trouver LE sujet le plus effroyable, celui qui serait parfait pour accompagner le «riff de guitare démoniaque» créé par le guitariste Ian D’Sa.

Lors du tournage du vidéoclip, la chaîne MuchMusic était présente sur le plateau et a interviewé les membres du groupe. À ce moment, le chanteur s’est exprimé sur le processus de création de la pièce et sur son importance:

 «Je suis rentré à la maison et j’ai fait des recherches en essayant de trouver ce qui était la chose la plus horrible qu’un humain puisse faire à un autre humain […]», a-t-il dit avant d’ajouter: «Je suis un grand défenseur des droits des enfants, et cette chanson parle d’abus sexuels. Ce n’est pas contre l’Église, c’est plutôt contre la trahison entre un adulte et un enfant. Je n’ai pas les réponses, mais j’espère que le fait de chanter sur un problème en particulier, ça va faire en sorte que les gens en parleront.»

L’introduction de guitare est suivie d’un cri intense de Kowalewicz, qui donne le ton à l’ambiance lourde et chaotique qui règne durant toute la pièce et qui se prête à merveille à l’histoire démoniaque dont il est question.

Il s’agit certainement de l’une des chansons les plus puissantes jamais jouées par le groupe canadien.

«Protect the Land» de System of a Down

Tirées du mini-album de deux chansons intitulé Protect the Land / Genocidal Humanoidz (2020)

Étant donné que les membres du groupe sont tous d’origine arménienne, il est normal que le génocide arménien soit un sujet récurrent à travers leur musique.

C’est le cas pour la pièce «Protect the Land», l’une des deux chansons à avoir été enregistrées par le groupe de heavy métal en 2020 pour venir en aide à ceux et celles qui sont affecté∙es par la guerre dans leur pays d’origine.

Le génocide arménien est caractérisé par la destruction systématique du peuple et de l’identité des Arméniens dans l’Empire ottoman, pendant la Première Guerre mondiale.

Dirigé par le Comité Union et Progrès (CUP) au pouvoir, il a été mis en œuvre principalement en assassinant environ un million d’Arméniens lors de marches de la mort vers le désert syrien et l’islamisation forcée d’autres personnes, principalement des femmes et des enfants.

À la fin du mois de septembre 2020, lorsque les hostilités ont repris entre l’Arménie, l’Artsakh et l’Azerbaïdjan dans la région contestée du Haut-Karabakh, les membres de la formation ont décidé d’utiliser leurs plateformes afin de sensibiliser le public à la cause.

Paroles de la chanson «Protect the Land» de System of a Down

Les membres de System of a Down ont également décidé d’offrir deux nouvelles chansons à leurs admirateurs, 15 ans après leur dernier album, dans le but de mettre de l’avant les atrocités infligées au peuple arménien.

Pour l’occasion, le groupe s’est adressé à ses nombreux admirateurs: «Nous, System of a Down, venons de sortir de la nouvelle musique pour la première fois en quinze ans. Le moment est venu de le faire, car ensemble, nous avons tous les quatre quelque chose d’extrêmement important à dire en tant que voix unie. Ces deux chansons, «Protect the Land» et «Genocidal Humanoidz» parlent toutes deux d’une guerre terrible et sérieuse perpétrée contre nos patries culturelles de l’Artsakh et de l’Arménie.»

Les deux extraits ont récolté plus de 600 000 dollars américains qui ont été remis à Armenia Funds. «Protect the Land» parle de cette guerre, mais plus précisément des soldats qui protègent le territoire.

En parlant de la vidéo, le bassiste du groupe, Shavo Odadjian, s’est exprimé sur le message que le groupe souhaitait transmettre et qui est le suivant: «Je sais que nous sommes à des milliers de kilomètres, mais nous sommes aux côtés de nos troupes et nous défendons cette cause en tant qu’Arméniens.»

De son côté, le chanteur du groupe, Serj Tankian, dont le grand-père a survécu au génocide arménien de 1915, avait déjà fait un don de 250 000 dollars à ce même organisme dans le passé, en plus de participer à un concert pour une collecte de fonds en ligne intitulée Rock for Artsakh en octobre de cette même année.

Après quarante-quatre jours de guerre, le deuxième conflit, qui semblait résolu grâce à l’aide de la Russie, a repris de plus belle en septembre 2023 en raison de l’incapacité des Russes à investir le temps et l’argent nécessaires à défendre un autre pays que le leur depuis l’escalade de leur conflit avec l’Ukraine.

«Darkness» d’Eminem

Tirée de l’album Songs to Be Murdered By (2020)

Eminem n’est pas étranger à la controverse. Tout au long de sa carrière, ses textes provocateurs et audacieux en ont dérangé plus d’un.

Ce dernier ne s’est jamais privé d’utiliser des mots choquants, d’attaquer d’autres artistes, ou encore de faire référence à de vraies histoires plutôt dérangeantes, comme c’est le cas pour la pièce «Darkness».

Dans cette dernière, Eminem évoque la douleur et les défis d’une personne souffrant de dépression. Le rappeur parle de l’obscurité qui l’entoure et qui l’empêche de ressentir de la joie.

«Here I am, alone again, Can’t get out of this hole I’m in, It’s like the walls are closin’ in, You can’t help me, no one can»

Mais au fil de la chanson, Eminem se transforme peu à peu en meurtrier, et plus précisément en Stephen Paddock, le responsable de la fusillade de masse qui a eu lieu à Las Vegas le 1er octobre 2017.

La journée des malheureux événements, Paddock a ouvert le feu sur la foule qui s’était rassemblée au festival de musique Route 91 Harvest sur le Strip de Las Vegas, au Nevada, depuis le 32e étage de sa chambre d’hôtel du Mandalay Bay.

Dans le dernier couplet de la chanson, Eminem compare les sentiments qu’il ressent lorsqu’il se produit sur scène à ceux du tueur lorsqu’il commet les meurtres. Il trouve des similitudes entre le tueur et lui.

Les deux se sentent nerveux et sont le point central d’un événement qui a un impact sur une foule immense. Leur dernière performance marquera le public à tout jamais, puisqu’elle se terminera en bain de sang…

Paroles de la chanson «Darkness» d’Eminem

Ce morceau lourd de sens s’est glissé sur son album au titre tout aussi évocateur, Songs to be murdered by, en 2020. La vidéo, quant à elle, recrée les horribles événements de la fusillade.

À la fin de celle-ci, des images de fusillades qui ont eu lieu aux États-Unis sont projetées sur des téléviseurs. Celles-ci sont accompagnées de messages forts dans le but de secouer les spectateurs et de leur faire comprendre l’urgence d’agir pour mieux encadrer les lois sur les armes à feu aux États-Unis.

L’auteur-compositeur-interprète américain invite ses admirateurs à se faire entendre et à voter afin de forcer le gouvernement à modifier les lois sur les armes à feux, un geste avec de bonnes intentions qui montre que, malgré sa réputation, il n’est pas en faveur de la violence.

Cependant, la vidéo n’a tout de même pas plu à certaines des victimes qui ont réagi lors de sa sortie. «C’était choquant de voir que quelqu’un avait fait ça de son point de vue et qu’il avait fait comme s’il était dans la chambre avec lui, tout en nous méprisant», a avoué l’une d’entre elles à la chaîne KTNV 13 de Las Vegas.

Brian Clark, le propriétaire de Gun Doctor Nevada, une boutique spécialisée dans la réparation et l’entretien d’armes à feu, s’est aussi exprimé sur le vidéoclip lors de ce même reportage. Il a déclaré qu’Eminem avait pris position avec celui-ci et qu’il n’était pas nécessairement en accord avec ce geste, même s’il pouvait comprendre pourquoi il l’avait fait.

Ce dernier a aussi admis être inquiet de l’influence qu’elle pourrait avoir sur certains fans du rappeur, qui pourraient se dire: «Eminem est cool, je peux être cool aussi!»

Même s’il souhaitait sensibiliser le public aux dangers des armes à feu et à leurs conséquences graves, Eminem s’est une fois de plus retrouvé au milieu d’une controverse. 

Les critiques ont été plutôt partagés lors de la sortie de l’extrait. Alors que certaines d’entre elles ont déclaré qu’il s’agissait d’une glorification de l’usage de la violence, d’autres ont plutôt été favorables. Le site de Billboard, par exemple, a déclaré que le morceau était puissant, avant de désigner Eminem comme étant «le roi du rap».

Les histoires vraies représentent une véritable mine d’or pour les artistes qui désirent les transformer en œuvres musicales. Qu’elles émanent de leur vie privée, de celle d’un proche, ou encore de celle de parfaits inconnus faisant l’objet d’une attention médiatique, elles arrivent à coup sûr à captiver le public et à lui faire vivre des émotions fortes!

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début