«Dark of the Daylight» de Crash Kings – Bible urbaine

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«Dark of the Daylight» de Crash Kings

«Dark of the Daylight» de Crash Kings

La preuve qu'on peut faire du rock sans guitare électrique

Publié le 18 août 2013 par Emmy Côté

Crédit photo : Universal Republic

En dépit du succès rencontré avec le premier album (Crash Kings, 2009), la production de Dark of the Daylight a donné du fil à retordre au trio de Los Angeles. Celui-ci se retrouvant mêlé dans un imbroglio d’étiquettes, Crash Kings n’est parvenu à sortir son album qu’en juin dernier, soit deux ans après son enregistrement. L’attente a été longue, mais les adeptes sont finalement plutôt bien servis.

Dark of the Daylight résonne comme s’il y avait une tonne de guitares. Pour un groupe d’american trad rock comme l’est Crash Kings, il n’y aurait pas de quoi s’étonner. Pourtant, la guitare électrique est exclue de l’amalgame sonore. Pendant que Mike Beliveau attaque les cordes de sa basse et Tom Roslak martèle ses caisses, Tony Beliveau réchauffe quant à lui les muscles de ses doigts sur un clavinet. Le chanteur et leader du groupe a muni le piano d’un vibrato créant une distorsion tumultueuse, en tout point similaire à celle que produit l’instrument chéri du rock. Le résultat est à s’y méprendre!

Il ne s’agit toutefois pas d’une première. Au cours de la dernière décennie, le duo alternatif Death From Above 1979 avait fait de même, en laissant la guitare électrique choir aux oubliettes. Mais aujourd’hui les arrangements sonores de Crash Kings ressortent plus complexes et riches, moins grinçants et brutes à l’oreille. Produit par Nick Launay (Nick Cave and the Bad Seeds, Yeah Yeah Yeahs, Arcade Fire), Dark of the Daylight de Crash Kings s’écoute avec une aise certaine, que l’on soit disposé ou non à la catégorie musicale. Comparativement au premier LP, la seconde parution évoque un rock plus classique. À maintes reprises, la voix très old school de Tony Beliveau nous tire avec force vers le milieu des années 1970, à l’ère où le genre est dominé par Led Zeppelin et Rush.

La pièce «Six Foot Tall» donne le ton en début du disque. Chant aigu, sonorités lourdes et refrains accrocheurs se juxtaposent, le résultat satisfait d’emblée. La composition s’avère bien rafistolée, mais elle n’a rien de révolutionnaire musicalement, si ce n’est du clavinet qui extériorise ses pulsions. Les deux pistes suivantes, «Hot Fire» et «Dresses to the 9’s», sont mieux réussis. Le party rock est tout ce qu’il y a de plus animal, concentré et pur. La bête, refoulée en nous, s’agite et casse ses chaînes en même temps que les éléments du son deviennent sauvages.

On regrette cependant que Crash Kings se plaise autant dans les refrains mémorables et instantanés par la suite. Cette tendance fâcheuse se manifeste d’abord sur «All Along», chanson dont on pourrait absolument se passer sans heurt. La pièce déçoit par son trop plein de facilité. On a l’impression que la formation se disperse. La débandade continue avec «Lonely War» ou encore, plus loin, «Hesitate». A-t-on changé d’album sans le savoir? Si le pop rock radiophonique n’est pas votre tasse de thé, vos tympans sont fichus le temps de ces trois chansons.

D’une ligne de basse rapide et d’une batterie effrénée, la septième piste, «Inside Upside Down», vient heureusement contrebalancer les précédentes ballades pop rock moins surprenantes. Mais le meilleur moment de l’album se situe immédiatement après. «White Wolf» possède une âme particulière, à la fois tranquille et tourmentée. Offrant une belle sophistication, la pièce se développe autour d’un ralentissement de tempo et des hurlements de Tony Beliveau, poignant comme les plaintes d’un loup dans la nuit. La dernière chanson «Wave of Tomorrow» clôt l’album en beauté. Sa stature musicale robuste intimide et cogne au passage, la voix de Tony Beliveau s’impose avec beaucoup de conviction. On y remarque une recherche musicale à la Muse, influence qu’on ne saurait taire et qu’on remarque également plus tôt sur «Six Foot Tall» et «So Many Ways». Finalement, Crash Kings gagne notre pardon, les faiblesses de son album se diluent dans l’ensemble.

En effet, que l’on déplore les quelques pièces complaisantes de Dark of the Daylight, il demeure que celles-ci, comme la majorité des titres, possèdent ce petit quelque chose de plus accessible encore que le single «Mountain Man» de l’album Crash Kings, qui avait atteint le numéro un du Billboard Alternative Charts en avril 2010. Ainsi, il est parfaitement vraisemblable que l’une ou l’autre des chansons de ce second opus atteigne les sommets au cours de la prochaine année. Les compositions n’apparaissent pas des plus originales, mais le band démontre un savoir-faire. Tous les ingrédients sont réunis pour rejoindre un auditoire élargi. En bref, Crash Kings s’est ouvert à de nouvelles perspectives et a fait preuve d’un effort respectable et de maturité.

Crash Kings sera de passage à Montréal au Divan Orange ce soir à 21h30. Les billets sont disponibles sur le site d’evenko au coût de 10 $.  

http://www.youtube.com/watch?v=GwGwZ4kOtUU?feature=player_detailpage

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