MusiqueDans la peau de
Crédit photo : LePigeon
1. On a lu quelque part que tu viens d’une famille musicale. Peux-tu nous raconter l’influence que ton enfance a eue sur ta vie de musicienne?
«Quand j’étais jeune, ma soeur et moi avions tellement hâte au Jour de l’an, parce que dans la famille Chénard, on louait la trop belle salle des Chevaliers de Colomb (aujourd’hui détruite) à Valleyfield, et c’était une salle grandiose et centenaire, qui avait une immense scène avec des barres de ballet accrochées au mur et quelques miroirs. Les oncles de mon père s’installaient avec leur violon, leur guitare, leur accordéon et ils jouaient toute la soirée. Ma soeur et moi on les écoutait jusqu’à tant qu’on s’endorme sur des chaises. C’était magique.»
«En 2003, j’étais censé m’inscrire dans une ligue de hockey parce que je jouais souvent au hockey avec mes amis dans les rues de St-Timothée, et j’adorais ça. Et là, un soir de semaine, mon cousin est passé par chez nous pour venir emprunter la vieille guitare électrique de mon père. Durant la soirée, mon père a sorti sa vieille guitare acoustique, une Fender F-25, pour la lui montrer, et je me souviens d’être assise avec eux sur le divan. Et quand je l’ai vue, j’ai demandé de la prendre dans mes bras. Mon père l’a déposée sur moi et il s’est tellement passé de quoi de beau que, finalement, j’ai décidé d’annuler le hockey pour me mettre à des cours de guitare la semaine d’après!»
«Depuis septembre 2003, la guitare est la plus belle chose qui me soit arrivée. Plus tard, on faisait des soirées de musique chez mon oncle Gilbert (ancien membre du groupe Les Habits Jaune), qui m’a appris à jouer de la mandoline et qui m’a prêté un petit ampli Roland Cube, dans lequel je me ploguais pour jouer les tounes de Break syndical avec ma guitare électrique, une Yamaha AEX-520. Je jouais en duo avec ma soeur à l’époque (ma soeur, c’est une ostie de bonne guitariste et c’est sûr qu’on va refaire de quoi ensemble un jour). J’ai continué à suivre des cours de guitare jusqu’à l’âge de 16 ans.»
«Ma première vraie job a été d’enseigner la guitare à cette école. Par après, j’ai enseigné aussi dans une école de musique à Granby. Mais, entre tout ce temps, j’ai toujours composé et fait plein de shows autant au primaire et au secondaire, que dans les bars et les salles!»
2. Chez Bible urbaine, on suit ton parcours depuis les Francouvertes en 2017. Comment est-ce que cette expérience t’a menée à ton premier album?
«J’ai emménagé en ville en février 2015 dans un appart toute seule et je n’avais pas vraiment de job. Je passais mes soirées à aller voir plein de shows durant un an pour me sentir moins seule et, chaque fois que je revenais chez nous après avoir vu ces shows, je me disais OK, il faut que je fasse quoi!»
«On a enregistré le EP à la Piaule cet hiver-là. On a sorti ça en février 2016 et, entre 2016 et 2017, ce fut un temps mort pour moi. Rien ne se passait. J’en ai profité pour expérimenter avec mon jeu de guitare. J’avais un appart à moi toute seule et je m’étais monté un petit set up.»
«Les Francouvertes, ça a été une opportunité d’expérimentation pour moi. Avec Jean-Philippe, c’était la première fois qu’on montait un set en duo guitare-percussion! Je pense que cette formule servait bien à mes chansons. À l’été 2017, je suis partie en Gaspésie avec les chansonneurs de Petite-Vallée et, quand je suis revenue, c’est là que toutes les chansons sont nées. J’avais déjà des mélodies de guitare que je traînais dans des tuning tout autres, et je me suis dit que je voulais y aller all-in dans cette musicalité-là, tout en gardant un côté très épuré et organique. Chaque étape a été très importante pour aboutir à tout ça.»
3. Ne parle pas aux étranges, c’est un titre d’album, et de chanson, qui marque les esprits et qui semble avoir une signification. Qu’est-ce que ça évoque pour toi ces mots-là?
«Des peurs qui ne sont pas les miennes. Aujourd’hui, le monde capote beaucoup, les gens se méfient de tout. C’est comme si tout le monde me dit de ne pas truster personne. Je trouve ça plate, parce que moi je ne vois pas ça comme ça. Ce sont des peurs qui ne sont pas miennes. Les gens qui disent fais attention pour que ça te fasse peur.»
«Cet été, en m’en allant à Natashquan, je faisais la route seule et je commençais à être fatiguée. Je me suis arrêtée dans une station de gaz et il y avait un jeune homme qui tenait une pancarte en faisant du pouce. Je n’avais pas mes lunettes, je n’arrivais pas à voir où il allait. Je lui ai fait signe de venir, il s’est présenté: Antoine, 22 ans, un Français qui est venu voir les baleines le temps d’un été. Je l’ai embarqué jusqu’à Tadoussac et ce fut une trop belle rencontre. Plein de choses à parler et c’était un moment merveilleux.»
4. Ton album comprend une chanson qui feature Antoine Corriveau, «Est-ce qu’on se voit ensemble». Peux-tu nous raconter comment cette collaboration a vu le jour?
«Ça faisait longtemps que je voulais faire une chanson avec Antoine. Sa voix m’a toujours touchée au plus haut point, mais je ne savais pas quand cette collaboration arriverait.»
«On était à deux jours d’entrer en studio et je venais de finir le travail. En ouvrant mon ordinateur, je suis tombée sur un article de cartes postales qui datent de 1900. Les gens s’étaient imaginés en l’an 2000 et ont dessiné ce qu’ils imaginaient, ce à quoi ressemblerait la vie en 2000. J’ai écrit la chanson d’un coup et j’ai tout de suite pensé à Antoine Corriveau. J’ai enregistré de quoi vite fait tard le soir et je lui ai envoyé. Il m’a répondu la même soirée et il voulait bien. On a enregistré ça à la Piaule en janvier 2018, dans une grosse tempête de neige. J’en suis très fière de cette chanson.»
5. Et ce n’est pas la seule collaboration intéressante sur l’album! On peut aussi voir les noms de Laura Babin, de Jesse MacCormack, de Jean-Philippe Levac, et on en passe, dans les crédits. Qu’est-ce qui est important pour toi lorsque tu choisis de travailler avec quelqu’un?
«Jean-Philippe est là depuis le début et c’est tout à fait naturel de faire ma musique avec lui. Ça marche toujours! Le duo avec Laura Babin est arrivé lors de l’été 2017, à Québec avec les chansonneurs. On avait un atelier avec Tire Le Coyote et il tirait des noms au hasard pour créer des collaborations. Nous avions deux heures pour composer une toune. Nous, on l’a écrite en une heure, paroles et musique, sans jamais y retoucher!»
«Jesse Mac est arrivé dans le projet trois semaines avant qu’on parte en studio. On voulait un multi-instrumentiste et je savais que ça allait être simple et agréable de travailler avec Jesse. Jean-Philippe et lui ont déjà travaillé ensemble et ça a donné une semaine de fun musical-amical en studio. Christian-Adam, qui faisait la prise de son, et Julien Lavoie qui captait des moments avec son Kodak, c’était un beau huit jours!»
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Pour consulter nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…
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Par Julien Lavoie