MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Sébastien Lafleur
4- Qu’est-ce qui t’a poussé à quitter la banlieue parisienne pour venir t’établir à Montréal à l’époque?
«Avant tout, c’est ma blonde qui est une Montréalaise invétérée; elle est aujourd’hui la maman de nos deux enfants. Il y a 7 ans, j’étais juste venu donner quelques concerts au Québec, mais l’attraction a été plus forte que tout. J’ai aussi eu la chance de rencontrer assez vite des artistes incroyables qui sont devenus mes amis et collaborateurs.»
«La France ne va très bien et, dans ce contexte, la place à l’expression est parfois sclérosée. À Montréal, j’ai redécouvert une façon de jouer de la musique et d’écrire. Je me suis réinventé au milieu de tout ça et j’en avais besoin à ce moment de ma vie. J’avais envie de changement, de liberté, d’ouvertures et les astres se sont alignés pour m’envoyer des signaux nécessaires.»
Après, quitter la banlieue parisienne était déjà fait. Je vivais à Paris depuis 10 ans quand j’ai déménagé pour le Québec. La banlieue parisienne que j’ai connue enfant était mélangée, heureuse et nous offrait de larges étendues, beaucoup de possibilités. Le lycée de Sarcelles (dans lequel j’ai fait ma scolarité) jouissait de 98 origines ethniques différentes. J’ai grandi au milieu de ça et je pense que ça se sent dans mes chansons. Après, la mauvaise gestion mafieuse des politiques et l’ignorance de cette jeunesse pleine d’espoir ont conduit la banlieue à s’assombrir.»
«Alors, quitter la banlieue parisienne n’était pas difficile, c’était malheureusement le seul échappatoire. Parfois, quand je me promène dans Montréal, dans Parc-Extension ou dans mon quartier Villeray, par exemple, je retrouve un sentiment d’union des communautés qui me rappelle ma banlieue de l’enfance; ça me réjouit. Montréal est une ville pétillante!».
5- Si on te donnait carte blanche, en 2016, pour que tu réalises ton projet le plus fou, ça serait quoi?
«Sur Les moyens du bord, j’ai réalisé un vieux fantasme, celui d’inviter des musiciens gnaouas originaires du Maroc à chanter et à jouer sur la chanson «Si facile». J’avais assisté à des concerts de jazz à Paris dans lesquels des artistes invitaient des formations gnaouas sur scène, et le mélange était tellement beau et évident, que j’avais envie de tenter ce type d’expérience.»
«J’ai eu la chance de rencontrer l’orchestre Salamate Gnawa qui est installé à Montréal. Ce sont des jeunes qui perpétuent cette tradition musicale tout en se mélangeant avec d’autres types de formations. Je les ai invités sur une chanson qui parle de voyage, d’exil et de mélange et pour laquelle je m’étais inspiré des lignes de basse du guembri (sorte de basse gnaoua à 3 cordes). Ils sont venus et l’évidence que j’espérais s’est produite! On a gardé cela sur le disque presque sans retouches.»
«Le 27 avril dernier, je les ai invités sur scène pour le lancement de l’album et l’expérience m’a donné envie de pousser tout ça plus loin. Alors, mon rêve le plus fou pourrait être de faire un disque complet comme cela ou, plus encore, de partir quelque temps à Essaouira au Maroc et enregistrer un album complet avec des musiciens gnaouas! Pousser le mélange et les rencontres un peu plus loin dans le fond. Ça pourrait être aussi au Mali avec des musiciens mandingues comme a pu le faire Damon Albarn sur l’album Mali Music. En tout cas, j’emmènerai ma famille et mes amis musiciens avec moi!
«Mon rêve le plus fou serait aussi de faire le tour du monde avec ma blonde et mes enfants. Et je pense qu’on est de sacrés bons candidats!»