MusiqueDans la peau de
Crédit photo : David / BRUT
1. Annie, peux-tu nous expliquer le concept de ton émission Rebelles soniques, diffusée sur les ondes de CISM 89,3 FM?
«C’est avant tout une émission de découvertes et d’actualités musicales. Mon objectif est de dénicher ce qui se fait de plus intéressant, stimulant, créatif, weird et percutant dans le domaine musical dit «alternatif», en concentrant ma recherche sur ce qui est créé par les femmes.»
«Le concept est le même depuis le début, mais je l’ai quand même fait évoluer au fil du temps, notamment en ajoutant le segment Drummeuse de la semaine, ou plus récemment L’album classique de la semaine, où je fais le portrait d’une artiste pionnière ou d’un album marquant dans l’histoire de la musique populaire.»
2. Pourquoi as-tu décidé de monter une émission qui met de l’avant des projets féminins?
«Mes antennes de féministe de la 4e vague sont allumées depuis l’adolescence! Mais ça vient surtout d’un sentiment d’appartenance, d’identification et d’admiration que j’ai toujours eu en écoutant des musiciennes.»
«En rentrant à l’Université de Montréal, à la suite d’un stage à Bande à part, j’avais vraiment envie d’animer à CISM! Avant de déposer mon projet, j’ai observé la grille de programmation en espérant voir ce qui pouvait «manquer», ou quel type de projet pourrait se démarquer. Puis le concept des Rebelles soniques m’est venu tout naturellement.»
«Au départ, c’était simplement pour triper et avoir la chance d’animer une émission de musique à la radio. Une fois dedans, j’ai rapidement réalisé le peu de place qui était accordée aux femmes dans l’industrie, combien elles étaient sous-estimées et à quel point la couverture et la diffusion qu’on fait d’elles sont inéquitables. C’est ce qui me pousse à continuer et à pousser le projet de plus en plus loin. Ça et le fait que je ne suis jamais à court de bons albums à écouter ;)»
3. L’émission roule depuis sept ans maintenant. Est-ce que le fait de l’animer chaque semaine a influencé ta façon de voir la musique?
«Oui et non. J’écoute énormément et beaucoup plus d’albums depuis que je suis à CISM, c’est évidemment le cas pour tous ceux qui s’impliquent dans un média musical! Ça m’a rendu plus critique, mes attentes envers un album sont beaucoup plus élevées qu’avant. C’est un défi de concentrer son attention sur un seul album et un seul artiste, ou même de retenir tout ce qu’on écoute dans une année!»
«Je crains parfois de perdre l’étincelle en courant toujours la nouveauté. Cela dit, c’est un privilège d’être aux premières loges de la création musicale locale et internationale, de participer à son évolution et à son épanouissement. Heureusement, je pleure encore quand je vais voir des artistes que j’aime, je suis encore nerveuse quand je fais des entrevues, et j’ai encore des frissons quand je blast ma chanson préférée dans le studio!»
4. Quelle est la plus belle découverte que tu as faite grâce à «Rebelles soniques»?
«Il y en a des TONNES!»
«Au fil des années, j’ai eu la chance de diffuser pour la première fois à la radio montréalaise des artistes comme Les Sœurs Boulay, Lisa LeBlanc, Granville, Lydia Képinski, Christine and the Queens, peut-être d’autres, et j’en suis très fière!»
«Sinon, les plus grands coups de cœur de mes sept ans d’animation seraient Melody’s Echo Chamber, Fishbach, Holly Herndon, FKA Twigs, TOPS, Speedy Ortiz, Laure Briard, HALO MAUD, Noname… la liste pourrait continuer encore longtemps!»
5. Qu’est-ce que tu aimerais que les gens retiennent de ton travail avec l’émission?
«Mon premier souhait est toujours que les gens continuent de découvrir des musiciennes qui les font vibrer grâce aux Rebelles soniques. La qualité de la proposition musicale est ma priorité et c’est la première raison pour laquelle les gens devraient écouter l’émission.»
«Ensuite, si je laisse aller mon idéalisme à plein régime, j’aimerais que mon travail soit un véhicule de changement pour les femmes musiciennes. Si l’écoute des Rebelles soniques pousse les auditeurs à réfléchir aux biais qu’ils peuvent entretenir envers les femmes artistes et à trouver des solutions pour les contrer, je dirai mission accomplie (et je trouverai un autre concept d’émission de radio!)»