Critique de l'album «Bad Vibes» de DJ Shlohmo – Bible urbaine

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Critique de l’album «Bad Vibes» de DJ Shlohmo

Critique de l’album «Bad Vibes» de DJ Shlohmo

Publié le 31 août 2011 par Éric Dumais

J’aime beaucoup la musique locale émergente de Montréal et Toronto. J’ai adoré l’album XXIe siècle Lac Estion l’an passé, mais aussi celui de Pif Paf Hangover et Beverlay. Sinon, du côté des Canadiens-Anglais, j’ai craqué pour l’opus Seeds de Hey Rosetta!. Mon problème, c’est que j’ai un méchant penchant pour l’électro, même que j’en mange avec mes toasts aux bananes le matin. C’est la raison pour laquelle je veux vous parler, aujourd’hui, d’un DJ vraiment épatant: il s’appelle Shlohmo et se promène, dans la vie de tous les jours, avec un diachylon sur le front. Peace, man.

Dans son genre, DJ Champion fait de la très bonne musique. La preuve, c’est que ses deux concerts présentés au Métropolis lors du Festival international de Jazz de Montréal étaient remplis à craquer. Le chanteur et guitariste rockabilly Bloodshot Bill assurait sa première partie, et disons que la performance de Maxime Morin, après un long combat contre le cancer, était vraiment touchante.

DJ Champion… j’aime ce qu’il fait, mais pas tout le temps. Mon autre problème, voyez-vous, c’est que je ne suis pas du tout amateur de musique électronique considérée ultra commerciale, comme la sienne, d’ailleurs. J’aime ce qui est plus underground, moins accessible, plus expérimental et plus osé.

D’ailleurs, au cours des deux dernières années, j’ai fait trois découvertes vraiment inespérées: Nosaj Thing, qui a joué, notamment, en première partie du trio britannique The XX, Flying Lotus, qui m’a complètement bouleversé avec son excellent Cosmogramma, et Mexicans With Guns, découvert grâce à l’étiquette de disques californienne Friends of Friends. Et c’est là que je veux en venir.

Friends of Friends est un jeune label qui vient de célébrer son deuxième anniversaire cette année et qui se spécialise dans la musique électronique très underground. Fondée par l’impresario et spécialiste en marketing Leeor Brown, l’étiquette, qui ne fait que dans le digital et le 7”, a rapidement pris de l’ampleur et possède déjà de fichus bons artistes tels que Mexicans With Guns, le collectif Groundislava, Salva et, justement, Shlohmo.

Producteur et DJ expérimental/hip-hop, Shlohmo, alias Henry Laufer, s’est surtout fait connaître du grand public suite à la parution de son album Shlomoshun Deluxe, sorti sur Friends of Friends en janvier dernier. Depuis, il a fait paraître Camping et le 7” Places, avant de réaliser son album phare, Bad Vibes.

Bad Vibes, c’est du trip-hop, avec une dose majeure de hip-hop, le tout mélangé avec une rasade de musique ambiante à faire rêver. Dès la première chanson, intitulée Big Feelings, on comprend que Shlohmo ne fait pas dans la dentelle. L’atmosphère est légère, fortement épurée, voire presque dénudée, à la limite. La basse est lourde, très pesante, et rappelle à certains égards l’ambiance nocturne à donner la chair de poule de The XX. Sans être un voyage vers l’expérimentation de luxe comme Nosaj Thing ni une série de beats incroyablement bien maîtrisés à la Mexicans With Guns, Shlohmo évolue plutôt à pas feutrés; dans son univers texturé, tout semble calculé, pesé, contrôlé. Shlohmo est un perfectionniste et nous gâte réellement avec quatorze titres tout aussi agréables à écouter les uns que les autres.

Vous adorerez l’ambiance électrique de Places, laquelle a été remixée sur une édition de Bad Vibes disponible en vinyle seulement, celle un peu plus expérimentale de Parties, et le travail scientifique et éclectique de Anywhere But Here.

À écouter si vous aimez Nosaj Thing, Flying Lotus et Mexicans With Guns.
MySpace: www.myspace.com/shlomoshun
FoF: www.fofmusic.net
Appréciation: ***1/2
Crédit photo: oneoclock.net
Écrit par: Éric Dumais

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