«Crave», le deuxième EP de Dear Criminals – Bible urbaine

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«Crave», le deuxième EP de Dear Criminals

«Crave», le deuxième EP de Dear Criminals

Un pastiche réussi dans l'ensemble

Publié le 27 avril 2014 par Marie Gagnon

Crédit photo : http://dearcriminals.bandcamp.com

Dear Criminals, c’est la rencontre entre deux membres de Random Recipe, Frannie Holder et Vincent Legault, ainsi que Charles Lavoie de lackofsleep et b.e.t.a.l.o.v.e.r.s. Le groupe a déjà à son actif un premier EP en poche, Weapons, et récidive maintenant avec Crave, un deuxième effort qui reste dans les mêmes teintes folk-électro que son prédécesseur.

L’album, qui dure un peu plus de vingt minutes, s’ouvre à pas feutrées avec la pièce-titre «Crave». D’emblée, le premier contact de l’auditeur lui laisse à entendre un ton à la fois ambiant, doux et romantique. Ce dernier se retrouve effectivement les deux pieds posés dans un univers minimaliste où ambiances feutrées, superposition de voix, intelligemment décalées ici!, arpèges de guitares et textures électroniques sont des caractéristiques omniprésentes tout au long de l’écoute.

La voix délicate de Frannie, souvent associée à une mélancolie et à une vulnérabilité proches de celles que dégagent Beth Gibbons de Portishead, se mêle bien à celle, délicate, de Charles Lavoie. Ce dernier met de l’avant un chant qui rappelle Patrick Watson ou Taylor Kirk de Timber Timbre. Leurs harmonies vocales, quant à elles, nous font penser à celles de The XX ou Stars, particulièrement sur le morceau à la mi-album, «Face the Odds». Leurs voix s’enchaînent comme s’ils se répondaient l’un à l’autre, avant de se chevaucher de belle façon vers une finale en crescendo.

Au fil de l’écoute, on se plaît à apprécier la simplicité des compositions, la superposition des couches électroniques et l’univers minimaliste ainsi recréé, comme sur la pièce «Rose», où l’on peut entendre, dès les premières notes, une douce mélodie de clavier, accompagnée du chant posé de Frannie. Puis la mélodie évolue vers des arrangements plus lourds, plus tenaces mais toujours bien enchaînés, ce qui ne dérange aucunement l’écoute. C’est définitivement la chanson «Petite Mort» qui surprend le plus: l’interprétation plus lyrique des deux chanteurs convient un peu moins au style minimaliste du groupe et semble légèrement surinterprétée. On sent que le duo Holder-Lavoie pousse un peu trop la note et l’impression qui demeure, au final, c’est que le tableau d’ensemble manque un peu de naturel.

Mais on ne peut guère trouver grand-chose à redire à cet EP, qui demeure bien rafistolé dans son ensemble, sinon son criant manque d’originalité. Bien qu’on apprécie l’initiative d’un groupe bien de chez nous qui se lance dans la création d’un style peu exploité comme le post-dubstep, il est impossible de taire les rapprochements évidents avec les pionniers du genre. Un morceau tel que «Face the Odds» rappelle beaucoup The Wilhelm Scream de James Blake. Et on ne se le cachera pas: le groupe va devoir trouver sa propre signature musicale pour s’éloigner davantage de ces artistes qu’ils respectent.

Crave reste donc un court album qui sera, certes, apprécié par les amateurs du genre, mais les autres préféreront peut-être ressortir leurs albums de James Blake et de The XX.

Dear Criminals offrira trois spectacles au Savoy du Métropolis dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal le 30 juin, le 1er et le 2 juillet 2014. Pour plus de détails et pour acheter vos billets, cliquez ici.

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