Cheesecake Ninja envahit la station de métro Berri-UQÀM

«Des gens de tout âge nous donnent de l’argent. Y’a même une petite grand-mère qui nous prépare chaque semaine un petit sac Ziploc contenant environ 2,25$, juste parce qu’elle nous aime bien», m’explique Francis Boutin, le guitariste (et occasionnellement chanteur) de Cheesecake Ninja, avant d’éclater d’un rire tonitruant.

Francis a fait la rencontre de Yanik Aird, batteur et percussionniste, à l’école Le Virage il y a une dizaine d’années. C’est en septembre 2009 qu’ils ont joué dans le métro Crémazie en offrant un mini «session jam» aux Montréalais qui passaient par là. La mini batterie de Yan faisant un boucan infernal, l’employé aux tickets s’est rapidement fait un malin plaisir de les chasser à coup d’engueulades bien vulgaires.

Des premiers temps difficiles…

La formation Cheesecake Ninja a donc décidé de plier bagage et d’occuper pour la première fois la très achalandée sortie de métro Berri-UQÀM, située au coin des rues Saint-Denis et Maisonneuve, dans le prestigieux Quartier Latin. Ayant comme paysage les multiples restaurants et commerces du centre-ville ainsi que les pavillons Hubert-Aquin et Judith-Jasmin, Francis et Yanik se sont munis d’une détermination insondable et ont joué comme de vrais braves, parfois à des températures pouvant donner la chair de poule même à un bonhomme de neige.

«Vous n’avez jamais eu l’idée de jouer dans des salles de spectacles au chaud?», leur ai-je demandé, presque soucieux d’entendre leur réponse. Francis, étonnamment, a semblé surpris par ma question : «Tu me le demandes vraiment? Voyons man! C’est bien plus payant pour nous de jouer dehors. On se fait suffisamment d’argent pour arriver à survivre, surtout lorsque les gens se sentent généreux. Oui, c’est souvent arrivé qu’on nous invite à jouer dans des salles. On le fait à l’occasion, mais on aime beaucoup mieux être à l’extérieur.»

MusiquePlus arrive à la rescousse

Un jour, alors qu’ils jouaient au coin des rues Sainte-Catherine et Bleury, ils ont reçu la visite d’un employé de MusiquePlus, qui leur a demandé s’ils acceptaient de participer à l’émission L’univers MusiquePlus, animée par Denis Talbot. Contents, ils ont accepté l’offre et c’est en décembre 2009 qu’ils sont montés comme promis sur la mini scène des studios de MusiquePlus pour livrer en exclusivité leur chanson intitulée Indou.

Cheesecake Ninja aime l’Inde et les femmes

«Je maîtrise de mieux en mieux les rythmiques indiennes à la guitare et c’est d’ailleurs un thème qui revient souvent», m’explique Francis, alors qu’il me parle de leur premier album homonyme, vendu à plus de 160 exemplaires depuis sa création, fin novembre 2010. On peut d’ailleurs entendre certaines sonorités indiennes dans Psycho, Indou (évidemment), Le cercle parallèle, La danse du serpent et La fécule de farine.

«À la base, nos textes traitent principalement des femmes, de l’amour et du désir (surréel) en raison de son inaccessibilité. On aime beaucoup aussi les métaphores un peu surréalistes. Par le passé, j’ai fait la connaissance d’une chic fille qui avait une allergie à la fécule de farine. Je n’avais jamais entendu parler de ça. Ça m’a inspiré et j’ai décidé d’écrire une chanson en souvenir de notre rencontre.»

L’album, en grande majorité instrumental, ne présente aucune linéarité entre les chansons, mais il semble que ce soit là l’intention précise de Cheesecake Ninja. Nous étourdir? Peut-être. Une chose est sûre, l’écoute est très diversifiée et les différents degrés de changements ne laissent pas le mélomane sur sa faim. Et que dire de la chanson Mario Stone, en milieu d’album, qui s’avère une reprise un rien psychédélique du très populaire jeu vidéo Mario Bros? Un pur délice, rien de moins. Pour les intéressés, la formation Cheesecake Ninja offre des «session jam» au coin des rues Saint-Denis et Maisonneuve les mardis soir (occasionnellement), les mercredis et jeudis soir de 17h à 19h, ainsi que les vendredis et samedis soir de 20h à minuit.