MusiqueCritiques d'albums
Baba Alex, de son vrai nom Alexandre Brunelle-Garon, réside en Inde depuis 15 ans, période durant laquelle il a étudié les bases du chant et de la musique classique indienne. Après avoir fait paraître Kinara («Sur la rive») en 2007, voilà qu’il revient avec Chandra Shakti, un second opus plus assumé et coloré que son prédécesseur.
Lors d’un bref séjour au Québec, Baba Alex, accompagné d’Olivier St-Pierre et de Subir Dev, a connu un réel succès dans la province, ce qui lui a permis de donner naissance à Kinara, son premier album paru en Inde quatre ans plus tôt.
Non loin des terres sacrées du dalaï-lama, Baba Alex a bénéficié des enseignements précieux de plusieurs maîtres et disciples du célèbre Ustad Bismillah Khan, mais aussi de la sagesse et de l’expertise de Bénarès et Shantiniketan, grâce auxquels il a acquis davantage d’assurance ainsi qu’une meilleure maîtrise de son orchestration, composée d’un sitar, de tam-tams, d’un shehnai et d’une flûte bansuri.
Les amants de la musique indienne seront bien entendu portés à croire que la musique de Baba Alex comporte de multiples ressemblances avec celle du grand Ravi Shankar, probablement l’un des musiciens de sitar les plus respectés au monde. En réalité, Baba Alex a plutôt mis à l’arrière-plan la sonorité languissante du sitar, qui ne fait ici qu’implanter le décor, au profit du shehnai (un hautbois rustique indien) et d’une flûte bansuri (très ancienne et faite de bambou), qui sont des instruments plus vivants et exotiques.
Ce qui fait la force d’un chanteur et d’un grand musicien comme Baba Alex, c’est probablement l’équation parfaite de son chant et de son orchestration, qui ont souvent tendance à ne faire qu’un, tellement le produit est beau, complet et en parfaite harmonie avec tout le reste. Les variations vocales du chanteur, qui peuvent parfois paraître très gutturales comme dans la finale de «Ab More Man», l’une de ses chansons les mieux rythmées, apportent une touche d’originalité et d’audace qui ne peut que plaire à son auditeur. Les excellentes «Damaroo Baje», en ouverture, et «Raghupati», au milieu, mettent à l’avant-plan des tam-tams qui marquent le tempo et qui alimentent une mélodie languissante et rythmée.
Les flûtes indiennes, comme on les entend si bien dans «Charu Keshi» et «Banarasi Dhun», apportent une touche de frivolité et de légèreté à sa musique qui nous donne enfin l’impression de découvrir un paysage exotique dans toute sa splendeur et son immensité.
Ravi Shankar, dont les doigts agiles peuvent contrôler les sonorités d’un sitar mieux que quiconque, n’a pas toujours tendance, du moins dans «Spirit of India», à explorer d’autres types d’instruments, comme on en retrouve en si grand nombre en Inde, et ce, depuis des temps immémoriaux.
En somme, les grands connaisseurs de musique indienne trouveront en Baba Alex un jeune espoir qui a toutes les qualités requises pour donner un corps et une âme à une musique faite pour calmer les esprits.
Après une longue absence de six ans, Baba Alex sera de retour au Québec à l’été 2012 afin d’offrir une série de concerts dans la province. Ne manquez pas votre chance de voir l’une des meilleures relèves de la musique classique indienne contemporaine.
Prochains spectacles:
Samedi, 14 juillet / Saturday, July 14th
Space Gathering Ascension 2012
Sainte-Agathe-de-Lotbinière, QC
Heure / Time: 4pm
Facebook Event
Jeudi 19 juillet / Thursday, July 19th
Le Sous-Bois
405, rue Racine Est, Chicoutimi, QC
Heure / Time: 9:30pm
Billets / Tickets: 10$
Appréciation: ****
Crédit photo: http://babaalex.bandcamp.com
Écrit par: Éric Dumais