«Centipede Hz» d’Animal Collective: l’art de passer à autre chose – Bible urbaine

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«Centipede Hz» d’Animal Collective: l’art de passer à autre chose

«Centipede Hz» d’Animal Collective: l’art de passer à autre chose

Publié le 20 septembre 2012 par Mathieu St-Hilaire

Après deux derniers albums marquants, Strawberry Jam en 2007 et Merriweather Post Pavilion en 2009, Animal Collective nous reviennent avec leur neuvième album en treize ans, Centipede Hz. Pour ceux qui aiment le côté étrange et aventureux du groupe, vous serez heureux de constater qu’il demeure intact. Par contre, l’effet peut être parfois inégal et déroutant sur ce dernier disque.

Plusieurs sont tombés sous le charme d’Animal Collective avec Merriweather Post Pavilion. Trois ans plus tard (une éternité pour le prolifique groupe), Centipede Hz est, évidemment, extrêmement riche musicalement. Les deux premières pièces, «Moonjock» et «Today’s Supernatural», sont deux chansons typiques du groupe: surchargées, mais accrocheuses et contagieuses. Là où les derniers efforts du quatuor de Baltimore étaient un peu plus ambiants, cet album s’annonce clairement comme étant une course effrénée.

La suite des choses est quelque peu décevante. En effet, le danger avec Animal Collective survient lorsque le bordel sonore, qui compose la majorité de leurs chansons, devient un peu plus imposant que la chanson elle-même. C’est un peu ce qui arrive avec ce disque. On n’y retrouve aucune chanson pouvant rivaliser avec «My Girls», «Fireworks», «For Reverend Green» ou bien «Brother Sport». Et même si les derniers albums étaient un peu chaotiques musicalement, il y avait un focus qui faisait de leurs chansons un tout assez cohérent. Ici, bien que les pièces soient très punchées, il est difficile pour l’auditeur de maintenir le cap pendant l’entièreté du disque sans trop s’essouffler.

Bien sûr, l’audace du groupe, elle, rend le tout fort plaisant. Écouter Animal Collective est un peu comme partir à l’aventure: on ne sait jamais sur quoi on va tomber. De ce fait, il faut du temps avant d’apprécier leurs albums. Centipede Hz propose des chansons électro-pop déformées, changeantes et constamment en mutation. Le pinacle du disque arrive avec «Monkey Riches», où rythmes frénétiques, vocales agressives et échantillonnages bizarres se côtoient pendant plus de six minutes. Un pur délice pour les tympans.

Il aurait par contre été bénéfique que Noah Lennox, alias Panda Bear, ait plus d’impact sur l’album, car il semble que ce soit son partenaire Avey Tare qui soit aux commandes ici. Lennox est celui dans Animal Collective qui laisse davantage les chansons respirer et qui est souvent responsable des mélodies rêveuses et envoûtantes typiques du groupe. Tout ça manque cruellement sur Centipede Hz.

Mais on ne pourra jamais reprocher à Animal Collective de faire du surplace. Il était peut-être prévisible que le groupe se lancerait dans l’imprévisible après avoir livré un album aussi complet que Merriweather Post Pavilion. Par sa réalisation rude et abrasive, Centipede Hz signale un désir évident d’éviter la formule et la répétition. Par contre, l’album souffre quelque peu d’un manque de moments forts, ce à quoi nous avait habitué le groupe. Un pas en arrière dans le but d’en faire deux en avant? On ose croire que c’est ce qui arrivera.

Appréciation: ***1/2

Crédit photo: Pitchfork

Écrit par: Mathieu St-Hilaire

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