Brandi Carlile continue d’élever la barre avec son quatrième album studio, «Bear Creek» – Bible urbaine

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Brandi Carlile continue d’élever la barre avec son quatrième album studio, «Bear Creek»

Brandi Carlile continue d’élever la barre avec son quatrième album studio, «Bear Creek»

Publié le 15 juin 2012 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Sony Entertainment

Nouvellement trentenaire, la chanteuse folk Brandi Carlile signe son album le plus personnel et senti jusqu’à présent. En continuant d’exploiter les mêmes thèmes récurrents sur leurs trois opus précédents, l’auteure-compositrice-interprète et ses deux complices, les jumeaux Hanseroth, nous touchent encore avec leurs réflexions sur la vie et réussissent même à nous surprendre en se renouvelant musicalement sur Bear Creek.

C’est pourtant le même folk teinté de country qu’on retrouve sur l’album nommé en l’honneur du lieu où il a été enregistré, le Bear Creek Studio, mais le trio a ajouté des instruments plus dynamiques aux chansons. Leurs arrangements habituellement sobrement composés de guitare, de basse acoustique, de piano et d’un peu de percussions sont maintenant rehaussés grâce au ukulélé, au violon, à la guitare électrique, mais surtout à la mandoline. Élément devenu presque aussi central aux pistes que les chœurs et les hands clap de Tim et Phil Hanseroth, la mandoline est d’une efficacité redoutable pour faire d’une chanson profonde et personnelle un air entraînant, comme c’est le cas sur «Save Part of Yourself». Toutefois, malgré ce que l’on pourrait penser, le message n’est jamais perdu dans la musique trop joviale. C’est la beauté du nouvel album de Brandi Carlile: il fait danser de la tête, de la même façon que les jumeaux Hanseroth le font en accompagnant Carlile sur scène, tout en portant à la réflexion.

Nostalgiques de leurs jeunes années, les trois complices, autant dans la vie que dans les studios, poursuivent leur introspection, eux qui nous ont souvent habitués à des paroles sur le bon vieux temps, celui où l’«alcohol was only used on cuts», comme le chante Brandi Carlile sur «Keep Your Heart Young». Ce temps où les frères Hanseroth se parlaient sur un «fake CB […] made from a Tic Tac box», on le revit avec plaisir en écoutant des chansons mettant à l’honneur la famille, l’enfance et leur chez-soi, près de Seattle, dans l’État de Washington. Auteurs de la majorité des textes de Bear Creek, les jumeaux Tim et Phil ne sont pas que des musiciens qui accompagnent Brandi Carlile, et on le sent comme jamais on ne l’a senti auparavant sur ce quatrième album. Leur travail musical, leur apport lyrique et leurs chœurs soutiennent la chanteuse à tout moment, même dans les plus vulnérables. Sur «That Wasn’t Me», premier extrait radio et première chanson de Bear Creek écrite uniquement par Carlile, la chanteuse que le Rolling Stone a listé dans les 10 artistes à surveiller en 2005 présente ses angoisses sans détour. C’est soutenue par ses deux meilleurs amis qu’elle peut se découvrir et garder la tête haute: «Did  I bring shame to my family, did it show when I was weak, whatever you’ve seen, that wasn’t me».

Si chaque chanson de Bear Creek est différente et possède son propre charme, il faut tout de même avouer que la qualité des pistes est inégale tout au long de l’album. En effet, la première moitié de l’opus est de loin meilleure que la seconde, laquelle présente davantage de ballades que de chansons entraînantes. Si sur ses précédents albums, Brandi Carlile, The Story et Give Up the Ghost, le trio nous avait habitués à au moins deux ou trois airs lents avec l’accent mis sur la voix et le piano, Brandi Carlile pousse peut-être le bouchon un peu trop loin sur son dernier chef-d’œuvre. Certes, le vibrato naturel d’émotion dans la voix de la chanteuse est plus qu’intéressant, mais ce qui fait qu’on craque – ou qu’on déteste, car c’est généralement l’élément qui fait en sorte que ça passe ou ça casse pour les non-initiés – pour elle, c’est son yodel qu’on retrouve davantage dans les pièces plus rythmées. À partir de la sixième piste, «100», qui s’intéresse à la possibilité de ne jamais réaliser son plus grand souhait, on perd de plus en plus d’intérêt au fil des chansons, jusqu’à la dernière, «Just Kids».

Pour conclure son dernier album, Brandi Carlile a emprunté une avenue nouvelle pour elle en modifiant sa voix et le son de ses instruments. Presque dans un univers onirique, la chanson finale nous laisse sur une note apaisante, renforcée par le bruit des grenouilles entourant le Bear Creek Studio ajouté à la toute fin. Les chansons les plus intéressantes de l’album demeurent toutefois «Raise Hell», un bijou folk-rock qui se démarque par son intensité, «Hard Way Home», la piste d’ouverture, et «Keep Your Heart Young», la plus joliment imagée. S’il n’est pas égal comme ses autres albums, Bear Creek réussit tout de même à démontrer toute l’ampleur des talents vocaux de Brandi Carlile et du génie musical dont elle fait preuve, en équipe avec les jumeaux Hanseroth.

Le quatrième album studio de Brandi Carlile, Bear Creek, est disponible depuis le 5 mai 2012.

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