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Longtemps considérés comme les moutons noirs de la très fertile scène garage de San Francisco (Girls, The Fresh & Onlys, Ty Segall), les Royal Baths décident de s’éloigner du rock 60’s ensoleillé de leur ville natale et déménagent à Brooklyn pour lancer Better Luck Next Life: un deuxième album de lo-fi psychédélique à l’image du Velvet Underground.
Des guitares désaccordées, une rythmique tribale jouée façon Maureen Tucker et un chanteur désabusé à la voix chancelante. C’est dans cette planante cacophonie, hommage à un New York d’une autre époque, que les Royal Baths nous invitent à entrer avec «Darling Divine», première chanson de ce nouvel opus. Si vous cherchiez un album de party pour l’été qui arrive, passez à une autre critique. L’atmosphère est glauque et malsaine; une sorte de trame sonore pour un bad trip à perpétuité. On a bel et bien affaire à de la «maudite musique de drogués».
Les références aux Velvets pleuvent, certes, mais les Royal Baths ont tout de même plus d’un tour dans leur sac. Le sinistre blues-rock de «Burned» met de l’avant les arrangements vocaux tordus de Jeremy Cox et Jigmae Baer (ex-Thee Oh Sees). La superposition de la voix Lou Reed-esque de Baer avec le fausset plus féminin de Cox rappelle, entre autres, The Kills, qui utilisent également cette technique de chant à deux voix. «Harder, Faster», avec sa ligne de basse molasse et son tempo traînant, emprunte plutôt à Nick Cave.
Les textes de Cox et Baer sont teintés d’un humour noir qui, par moments, frôle carrément l’absurde. Sur «Black Sheep», le duo se renvoie la balle dans une série d’échanges autant lugubres qu’hilarants: «Bloody landscapes are my daydreams/Bodies fall/If I could touch the hand of Satan/I would crawl». Le refrain vient confirmer le deuxième degré des paroles de la chanson: «I am a black sheep/And Jesus knows/I have learned to laugh at the black/In my soul». Le tout est soutenu par une panoplie de guitares tourmentées tout droit sorties d’un vieux film d’horreur de série B.
Better Luck Next Life est un album qui porte fort bien son nom. Le pessimisme est à l’honneur dans les textes comico-dépressifs tout comme dans l’ambiance musicale inquiétante. Royal Baths ont véritablement trouvé leur créneau et n’attendent qu’à se faire découvrir.
Appréciation: ***
Crédit photo: Pitchfork
Écrit par: Louis-Jean Trudeau