«ARTPOP» de Lady Gaga – Bible urbaine

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«ARTPOP» de Lady Gaga

«ARTPOP» de Lady Gaga

Artistique mais définitivement pas pop

Publié le 3 décembre 2013 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Jeff Koons

La prolifique Lady Gaga est de retour avec ARTPOP, son quatrième album plus décevant qu'entraînant, en vente depuis le 11 novembre dernier.

Il s’agit de son quatrième album depuis 2008, où elle a littéralement pris d’assaut les ondes radiophoniques, la twittosphère et YouTube grâce aux extraits «Just Dance» et «Poker Face».

Ses mélodies hyper accrocheuses et sa présence théâtrale unique lui ont permis de se créer une place incontournable, lui valant même le titre de nouvelle reine de la pop. Ambitieuse, la chanteuse avait une idée grandiose et bien précise pour la conception de cette offrande: insuffler de l’art à sa musique plutôt que de la pop, une démarche similaire à celle du célèbre Andy Warhol, bien qu’elle emprunte une direction opposée.

Il n’y a pas à dire, celui-ci marque une coupure par rapport à ce que la New-Yorkaise nous avait habitué. Cet album-ci est beaucoup moins accessible et moins pop. Il est constitué de diverses sonorités électroniques et sa voix y est moins présente.

Cette galette est davantage techno que dance et l’atmosphère est plus froide et moins organique que ses enregistrements précédents. Les titres sont rythmés, mais on ne retrouve pas les tubes dansants que l’on a connus avec The Fame, ou encore sur son maxi subséquent, The Fame Monster.

En ce qui a trait aux paroles, mis à part quelques références à propos de la mythologie (de l’étalage de noms plutôt que des analogies) et plusieurs sur la haute couture, les thématiques abordées restent sensiblement les mêmes que ceux de ses opus précédents, c’est-à-dire l’amour, le désir, le sexe, la gloire, l’apparence, les substances intoxicantes, l’hédonisme…

Lady Gaga avait probablement en tête une considération artistique lorsqu’elle a réalisé ce disque, mais l’auditeur ne distinguera pas forcément en quoi celle-ci diffère avec le paysage musical actuel ni comment il est plus axé sur la culture que sur l’art populaire.

Le premier extrait «Applause», qui a tout pour être le ver d’oreille par excellence, n’a pas eu l’impact escompté, et malheureusement les morceaux choisis pour la promotion de cet enregistrement, «Venus» et «Do What U Want», ne sont pas aussi intéressants; on doute même que ceux-ci créent un engouement.

Par ailleurs, «Do What U Want», un duo avec R. Kelly, ne colle pas du tout à la personnalité de Gaga. C’est une chanson qui aurait mieux sied à Christina Aguilera: il y a moins de textures, le rythme est linéaire, et on dirait qu’elle chante de la même façon que l’interprète de «Your Body».

«Jewels ‘N Drugs», qui est un effort collaboratif entre Gaga, T.I., Too $hort, Twista, est malheureusement trop générique, voire quelconque, et la personnalité de Mother Monster y est totalement absente. En contrepartie, «Gypsy» est une chanson d’amour qui se distingue par son contenu; elle fait l’apologie de son amoureux, qui épouse le même style de vie nomade que la chanteuse.

«G.U.Y.» est l’une des pièces les plus intéressantes de l’offrande. Gaga s’amuse à renverser les rôles de l’homme et de la femme dans une relation de couple. La chanson «Swine», pour sa part, est l’une des plus vivantes.

Il n’y a pas à dire, Gaga est une artiste, une musicienne et une chanteuse qui investit un réel effort tant sur le contenu que sur la forme. Cependant, cet album manque de dynamisme, on ressent beaucoup trop le changement d’énergie. Elle a délaissé le côté dance qui constituait sa force, les rythmes entraînants et ses refrains qui cumulent l’intensité jusqu’au point de paroxysme.

La nouvelle reine de la pop risque de perdre sa couronne, car à l’exception de ses Little Monsters, le grand public ne craquera pas pour ARTPOP.

Lady Gaga sera au Centre Bell de Montréal le mercredi 2 juillet 2014. Le coût des billets varie de 48,50 $ à 219,50 $.

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