«Are You Alone?» de Majical Cloudz – Bible urbaine

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«Are You Alone?» de Majical Cloudz

«Are You Alone?» de Majical Cloudz

Déstabilisant de simplicité

Publié le 12 octobre 2015 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : Matador

Pour évoquer à répétition l'indémodable thème de l'amour, le duo montréalais, composé de Devon Welsh et Matthew Otto, a choisi des mots et des vers sans complexité aucune, des accords les plus dépouillés possible, où la voix de Welsh ne varie qu'entre quelques notes. Si ce n'était de l'aspect plus macabre de certains textes, nous pourrions presque parler d'un recueil de berceuses, version électro. Mais Welsh, lui, préfère décrire son œuvre comme une recherche pour atteindre la vulnérabilité de l'être.

Nous ne pouvons pas lui donner tout à fait tort, car il faut bien l’admettre, il touche un je-ne-sais-quoi dans son œuvre qui fait qu’on la réécoute en boucle. En fait, les refrains s’immiscent dans notre esprit comme ces moments de grâce qu’offrent parfois d’autres artistes lorsqu’ils glissent un air de liaison plus dépouillé mais brillant, entre deux couplets particulièrement intenses ou plus expérimentaux. Sauf qu’ici, ces ritournelles que l’on arrive plus à s’enlever de la tête se suivent, ne sont amenées que par des introductions plutôt courtes, et se terminent par des finales quasi absentes.

Welch

Il s’agit donc de ces musiques qui contribuent à une ambiance propice aux rapprochements, comme une lueur de bougie, sans nécessairement exiger une écoute très contemplative. La plupart des vers se rapprochent, en apparence, des balades d’une nostalgie plus commune, comme celles que pourrait chanter, par exemple, Jay-Jay Johanson. Lorsque la douceur s’installe, quelques paroles valent néanmoins la peine que l’on s’y arrête. Les images de «Silver Car Crash» notamment, qu’on les aime ou pas, révèlent un lyrisme sanglant, propre au duo:

I want to show you
The funny dream I’m having
My head splits open
For all the camera’s flashing
But I am dead already
And I am bleeding onto you
I hope you won’t forget me
I am so hopelessly for you

À force de réécouter l’ensemble, ces paroles contribuent à donner le ton. L’ambivalence constante entre la recherche de la liberté, de l’amitié et l’intensité de l’amour subsistent partout, derrière chaque note. Elle prend aussi la forme d’une soif d’urgence et d’absolu, de l’aspiration à un don total, mais qui cadre maladroitement avec la quotidienneté de l’existence et exige des sensations fortes, ne serait-ce qu’en images. Et c’est beaucoup plus cette sensibilité douloureuse qui colle à la peau, au terme de l’album, que l’impression un peu bizarre laissée par la vidéo de «Silver Car Crash» qui est d’ailleurs le morceau où l’exploration musicale des sons discordants a été la plus poussée.

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