«Anything In Return» de Toro Y Moi – Bible urbaine

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«Anything In Return» de Toro Y Moi

«Anything In Return» de Toro Y Moi

Plus élaboré et convaincant que jamais

Publié le 20 février 2013 par Olivier Boivin

Crédit photo : www.toroymoi.com

Anything In Return, le troisième album de Chazwick Bradley Bundick, alias Toro Y Moi, devrait faire partie des albums phares des amants de la pop à la fin de l'année 2013. C'est avec une nouvelle vague de sensualité particulière qu'il nous présente ce disque paru récemment sur l'étiquette américaine Carpark Records (Cloud Nothings, Young Magic, Class Actress). Abouti, profond, avec d'excellents rythmes transcendants de plages d'été, Anything In Return réussirait même à faire bouger le popotin de l'élève le plus coincé de tout votre secondaire.

Le jeune homme d’origine colombienne, qui se cache derrière le pseudonyme Toro Y Moi, arrive à prouver une fois de plus que l’on peut se renouveler d’un disque à l’autre sans trop souffrir du symptôme de l’étiquette. Celui qui est venu faire sa marque au Club Soda le 16 février dernier lors de sa tournée mondiale signe ici son meilleur disque à ce jour. C’est également lui qui avait donné un sacré coup de pouce au retour de la pop rétro 60’s comme on en fait peu de nos jours.

Amateur de musique pop kitch, cet album est d’ores et déjà un incontournable, un véritable hymne en soi à la sensualité issue d’une pop tropicale bien assumée. Avec des synthés aux sonorités exotiques créant ainsi une musicalité qui nous plonge les deux pieds dans un sable brûlant, il va s’en dire qu’il dégage profondeur et liberté au point de vue des émotions véhiculées. Bien fidèle à lui-même, avec comme arme fatale un son qui lui est propre, le mandat de Toro Y Moi semble constant d’une pièce à l’autre, et le message demeure: «restons cool, il fait beau et tu es adorable».

L’album s’apparente à Neon Indian pour sa sonorité expérimentale, à Young Magic pour son côté soleil de plomb et à Caribou pour ses synthés tropicaux planants. À la fois profondément élaboré et habilement groové, on craque pour «So Many Details», une pièce qui débute minimalement et qui monte progressivement dans une envolée transcendante. Rien à se reprocher du point de vue affectif, Anything In Return semble avoir quelques messages tendres à nous livrer, nous montrant à travers les paroles le chemin de la franchise et de l’absence de honte. Sans vouloir le comparer catégoriquement, il est évident qu’il y a ressemblance avec le nouveau son du groupe électro britannique Metronomy et leur album The English Riviera (2011), et ce, sur la plupart des pièces.

«Cola» est parmi les morceaux plus relaxants du lot, avec son ambiance smooth qui frôle des sonorités à la Buddha Lounge. Cependant, petite déception du côté de «Studies» et «High Living», deux pièces épurées au rock très doux, qui ne lèvent absolument pas; ici la faute revient à la voix soudainement trop aiguë de Toro Y Moi qui ne nous convainc pas dut tout. Toutefois, l’artiste revient en force avec «Cake», laquelle semble avoir été longtemps travaillée. On ressent, en plus d’une certaine complexité, que le rendu est très feutré, situé quelque part entre le R&B, l’électro et le hip-hop. L’avant-dernière pièce, intitulée «Never Matter», rappelle drôlement la formation torontoise DVAS, avec des synthés 80’s très prononcés et une voix robotisée remplie d’écho, bref, un véritable tube de pistes de danse.

Afin de boucler la boucle, il est bon de se rappeler que Toro Y Moi s’était surtout fait remarqué en 2011 avec son deuxième disque Underneath The Pine, qui contenait quelques hits bien ressentis. Souvenons-nous de la pièce «How I Know», un hymne, voire un coup de pouce au retour de la pop rétro 60’s comme on en fait très peu de nos jours. Sur Anything In Return, toutefois, on ne fait pas que voyager dans le temps, on combine avec brio la technologie du présent à la richesse de l’héritage sonore d’il y a cinquante ans.

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