«America Give Up» de Howler: sauve-qui-peut – Bible urbaine

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«America Give Up» de Howler: sauve-qui-peut

«America Give Up» de Howler: sauve-qui-peut

Publié le 11 mai 2012 par Louis-Jean Trudeau

Selon la légende, un des représentants de Rough Trade Records aurait embarqué dans le premier avion pour Minneapolis après avoir entendu la démo de la formation américaine Howler. Quelques mois plus tard, les p’tits gars ont non seulement un contrat avec le célèbre label indie, qui a lancé des groupes tels que The Strokes et The Smiths, mais également un premier album intitulé America Give Up. Au menu: du pop-rock garage capable de faire saliver les journalistes anglais les plus blasés.

Chaque année, le magazine NME couronne une nouvelle gang de jeunes avec des guitares comme les prochains «Sauveurs du Rock». Il ne s’agit pas d’un titre officiel (malheureusement), mais plutôt d’un élan d’enthousiasme et de promotion autour d’un certain groupe qui cadre bien avec l’esthétique musicale du magazine. Des White Stripes aux Arctic Monkeys, en passant par Bloc Party, plusieurs formations, aujourd’hui bien établies, ont bénéficié du raz-de-marée de hype que concocte le NME. Cette année, les têtes pensantes du magazine ont choisi Howler comme Sauveurs du Rock édition 2012. Le groupe possède tous les ingrédients pour former le buzz band parfait: une histoire géniale, un chanteur charismatique, des coupes de cheveux impeccables et des tweets approbateurs de Johnny Marr. Le chanteur Jordan Gatesmith ne fréquente pas encore Kate Moss, mais ça ne devrait pas tarder.

Howler propose un rock garage à saveur surf qui respecte parfaitement les thématiques indie du moment: la plage, le reverb et la rétro at large. Par contre, contrairement aux Best Coasts et autres Drums de ce monde, les gars de Howler rockent. «Told You Once», le premier extrait de l’album, est très représentatif du son Howlerien: Un riff de guitare simple mais entraînant (fort possiblement volé à Elvis Presley), de la batterie bien dansante, un refrain baveux et un bridge où le groupe tente d’annihiler sa propre chanson à grands coups de distorsion. Le tempo demeure rapide du premier au dernier morceau, à l’exception de «Too Much Blood», une ballade à la The Jesus and Mary Chain, soutenue par le fameux beat de «Be My Baby» des Ronettes. Un incontournable pour tout groupe surf rock qui se respecte. Jordan Gatesmith chante avec une voix grave et nonchalante, qui ne va pas sans rappeler Jonathan Richman des Modern Lovers. Ses textes traitent de déchéance adolescente avec beaucoup d’humour et d’autodérision, comme en témoigne la chanson «Back Of Your Neck»: «Steal a car on a dare / Dump it in the Minow River / You think we’re Bonnie and Clyde / But both of them fucking died». Il tombe dans un registre punk-rock plus agressif à quelques reprises, notamment lors de l’hilarante finale de «Wailing (Making Out)».

Au fil du temps, les mélomanes les plus avertis sont devenus très cyniques face aux Sauveurs du Rock annuels. Avec raison, puisque ces jeunes groupes n’ont que très rarement le talent musical pour égaler autant d’hyperbole. Ceci étant dit, Howler est un de ces buzz bands qui vaut réellement le détour. Les membres du groupe ne se prennent pas trop au sérieux et démontrent un talent indéniable en matière de hooks mémorables. America Give Up ne sauvera pas le rock, et il y a fort à parier que les gars de Howler s’en foutent éperdument, car ils ont maintenant un premier album très solide à leur actif.

Appréciation: ***½

Crédit photo: Rough Trade

Écrit par: Louis-Jean Trudeau

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