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Crédit photo : www.clashmusic.com
Tout cela est bien dommage, car peu importe la qualité de l’album, des attentes démesurées peuvent se créer. Dans le cas d’AM, on a vraisemblablement affaire à un très bon album. Mais le meilleur des dix dernières années? Calmons-nous un peu le pompon.
La cinquième offrande de la encore-très-jeune formation britannique utilise une approche différente de ce que l’on a entendu de leur part auparavant. En effet, les premiers moments de «Do I Wanna Know?» annonce un groupe qui désire opérer à un autre niveau. On se retrouve donc avec un son qui fait l’amalgame de rythmes quasi hip-hop saccadés avec des guitares lourdes rappelant les groupes métal ou hard rock des années 1970. Il faut dire que Josh Homme de Queens of the Stone Age apporte encore une fois sa contribution, lui qui semble être une influence évidente dans tout ce que font les singes de l’Arctique.
L’inspiration des années 1970 est très, voire trop, flagrante. «No. 1 Party Anthem», loin d’être une pièce festive et rassembleuse comme l’indique son titre, est une ballade piano-guitare acoustique qui fait drôlement penser à Elton John. Ailleurs, «Arabella» emprunte carrément des riffs de Black Sabbath («War Pigs») et «Mad Sounds», par son enregistrement volontairement live, rappelle même Bob Dylan, John Lennon ou bien Tom Petty. Les chansons sont bonnes, certes, mais on aimerait parfois que les Monkeys prennent un peu plus de risques.
Si on s’ennuie parfois du dynamisme et de l’exubérance de leur tout premier album, le talent d’auteur-compositeur d’Alex Turner ne pourra jamais être mis en doute. Turner livre ici une série de textes sur l’amour, la jalousie et le sexe à trois heures du matin. Ce dernier thème est d’ailleurs merveilleusement illustré sur «Why’d You Only Call Me When You’re High?»: «Now it’s three in the morning / And I’m trying to change your mind / Left you multiple missed calls / And to my message you reply / Why’d You Only Call Me When You’re High?»
Au fond de lui-même, Alex Turner demeure un éternel romantique dont l’amour nourrit inévitablement l’inspiration. L’album se termine même avec l’exquise «I Wanna Be Yours», poème de la figure mythique John Cooper Clarke, emblème incontournable du mouvement punk anglais des années 1970. Les mots passionnels, frôlant l’obsession, de Clarke se marient de brillante façon avec le reste de l’album : «If you like your coffee hot / Let me be your coffee pot / Let me be the portable heater / That you’ll get cold without / Secrets I have held in my heart / Are harder to hide than I thought». Nul doute qu’il s’agit d’une finale absolument succulente.
Soyons donc juste avec Arctic Monkeys en qualifiant AM d’album fortement recommandé, probablement leur meilleur depuis Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not en 2006. Toutefois, il vaut mieux être prudent dans les hyperboles et les déclarations fracassantes, car AM souffre parfois d’un manque d’audace. Néanmoins, les Arctic Monkeys semblent être confortablement installés au sommet du paysage rock britannique. On espère seulement qu’un autre groupe les forcera à aller plus loin la prochaine fois.
L'avis
de la rédaction