Alicia Keys se trouve et nous perd avec «Girl on Fire» – Bible urbaine

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Alicia Keys se trouve et nous perd avec «Girl on Fire»

Alicia Keys se trouve et nous perd avec «Girl on Fire»

Publié le 3 décembre 2012 par Alice Côté Dupuis

Depuis l’album Elements of Freedom, Alicia Keys s’est mariée, a eu un enfant et a démarré sa propre entreprise, AK Worldwide. À 31 ans, elle est au sommet de sa féminité, de son assurance et de sa confiance en elle… mais pas nécessairement au sommet de son art. Girl on Fire, son cinquième opus, est dynamique et présente un bel éventail de styles musicaux, mais est très inégal, pour ne pas dire un peu trop.

C’était pourtant bien parti pour l’auteure-compositrice-interprète qui, fidèle à son habitude, offre une balade instrumentale douce et inspirante en ouverture, dans ce cas-ci «De Novo Adagio». Cette dernière se fond d’ailleurs à merveille avec «Brand New Me», la pièce la plus représentative de l’état d’esprit actuel d’Alicia Keys, alors qu’elle chante «It’s just a brand new kind of me. It took a long long time to get here, It took a brave, brave girl to try.» C’est également la chanson la plus réussie de l’opus, mêlant avec brio la délicatesse et le ressenti de l’interprétation de Keys à l’intensité en fin de piste, supportée par un piano et des percussions bien exploités.

On sent la chanteuse très fière sur Girl on Fire, qu’on pourrait croire un hommage à Katniss Everdeen, mais qui se veut plutôt une preuve de la forme exemplaire dans laquelle Keys se trouve. Elle confirme elle-même qu’elle est «en feu» depuis quelque temps, qu’elle s’est réellement trouvée et a enfin sorti tout ce qu’elle ressentait sur cet album. Keys a d’ailleurs pris le contrôle total de cet opus en agissant à la fois à titre de productrice exécutive, de conceptrice et de productrice. Elle s’est toutefois entourée de nombreux collaborateurs connus à l’écriture de ses chansons, ce qui n’est pas dans ses habitudes. De la jeune Emeli Sandé («Brand New Me», «Not Even the King», «101») à Frank Ocean («One Thing»), en passant par le rappeur Dr. Dre sur «New Day», Bruno Mars («Tears Always Win») et le guitariste prodige Gary Clark Jr. sur «Fire We Make» (un duo avec le chanteur R&B Maxwell), tous les styles sont couverts pour donner à chaque chanson d’Alicia Keys une touche nouvelle et particulière.

Pourtant, ces collaborations ont aussi l’effet indésiré de créer des pièces formatées. En voulant trop s’ancrer dans la mode d’aujourd’hui, en faisant appel à des artistes populaires et en vogue, Alicia Keys a créé un album où son âme à elle n’est pas présente. Le meilleur exemple est la chanson-titre de l’album, en «duo» avec Nicki Minaj, qui n’est là que pour faire deux petits bouts de rap en ouverture et au milieu, s’harmonisant d’ailleurs difficilement avec la belle mélodie de Keys. Autrefois reine du rythm’n’blues, des ballades au piano enflammées à la «Fallin’» ou «No One», Alicia Keys signe ici un opus plus pop, aux refrains certes accrocheurs, mais pas aussi intéressants que les précédents albums de l’interprète.

Il y a tout de même du positif sur Girl on Fire, à commencer par le clin d’œil sympathique dans «When It’s All Over», sur laquelle apparaît à la toute fin Egypt Daoud Dean, le fils de deux ans de la chanteuse. Mignon comme tout, il apporte inévitablement un sourire aux lèvres, même si ces dernières s’ouvrent difficilement pour chanter durant cette pièce aux accents électroniques qu’on dirait remixée par un DJ. Il faut également souligner les performances d’interprétation de la chanteuse, ainsi que ses techniques vocales. «Not Even the King» est l’une de ces pièces qui rappelle les anciens classiques de Keys et qui ravit les oreilles grâce à sa douceur, mettant de l’avant sa belle voix et son piano en toute simplicité. Les sonorités reggae sur «Limitedless» plaisent également, de même que la voix un peu plus éraillée que Keys a l’habitude d’avoir sur «Tears Always Win».

Sans être un total dépaysement par rapport à ses précédents opus, Girl on Fire peine à démontrer pourquoi Alicia Keys est considérée comme étant l’une des meilleurs artistes de sa génération. Sans être complètement mauvais, cet album est loin d’être son meilleur. En voulant trop changer et montrer son «Brand New Me», il se pourrait bien que Keys perde quelques fans, las de ses albums de moins en moins fignolés et sentis.

Appréciation: **½

Crédit photo: Sony Music

Écrit par: Alice Côté Dupuis

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