«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«October Rust» de Type O Negative – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«October Rust» de Type O Negative

«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire d’«October Rust» de Type O Negative

Métal gothique et chanteur ténébreux

Publié le 27 octobre 2016 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Roadrunner

Peter Steele, chanteur et bassiste, forma deux groupes, Fallout et Carnivore, avant de créer Type O Negative en 1989. Moins thrash métal que les incarnations précédentes, cette formation est davantage gothique, une qualité que le quatuor a embrassée, non sans un sourire en coin. Noirceur, cynisme et chanteur plus grand que nature (littéralement), Type O avait une personnalité et un son uniques.

La formation, qui comprenait également le guitariste Kenny Hickey, le claviériste Josh Silver et le batteur Sal Abruscato, lança deux disques avant la parution de Bloody Kisses, en 1993. C’est cet album qui leur a permis de connaître le succès. Vous vous souvenez sûrement de l’ironique «Black No.1 (Little Miss Scare-All)» ainsi que «Christian Woman» (qui avait été banni des ondes de MusiquePlus). Ce fut également le dernier album auquel participa le batteur Sal Abruscato, il fut remplacé par Johnny Kelly.

October Rust causa une commotion lorsqu’il fût présenté en août 1996; celui-ci est beaucoup moins métal, le rythme est plus lent et les paroles apparaissent moins violentes que celles de son prédécesseur. Cela s’explique par le fait que Type O, malgré les pressions exercées par la maison de disque, ne souhaitait pas refaire Bloody Kisses, en version plus choquante et plus glauque. De plus, Steele avait déclaré à l’époque qu’il avait évolué et qu’il ressentait moins de colère. Cependant, en rétrospective, il reconnaît que le groupe a tout de même tenté de faire un disque plus accessible.

Ce qui n’est pas étonnant, à mon avis, car la formation possédait un côté mélodique; bien que les sonorités étaient graves et lugubres, on y reconnaissait des éléments plus pop au niveau de la structure. Et ce n’est pas un hasard; bien que Steele a admis estimer les groupes comme Black Sabbath, Deep Purple et AC/DC, il a avoué aussi avoir été fortement inspiré par les Beatles. Cette offrande est peut-être moins agressive, mais elle est très taciturne. On devine que Steele est troublé. Il est torturé par l’amour, encore une fois, mais il vit également une période de deuil.

D’ailleurs, on retrouve des morceaux planants sur October Rust, tels que «Die With Me», «In Praise Of Bacchus» et «Hauted». «Red Water (Christmas Mourning)» parle de la mort de son père. Le titre «Love You To Death» est une ode la soumission. Langoureux, obscur et hypnotisant; il tombe dans le spectre du romantisme gothique. L’extrait «My Girlfriend’s Girlfriend» peut surprendre, non parce que le bassiste y révèle une relation polyamoureuse, mais bien par le tempo joyeux de la pièce rappelle le psychédélique des années 60, ce qui est rare dans le merveilleux monde gothique! Par ailleurs, le clip m’avait fait sourciller à l’époque en raison de ses couleurs vives.

Par la suite, les choses se sont compliquées pour le chanteur; il buvait afin de combattre le trac et il développa une dépendance à la cocaïne, ce qui provoqua un trouble de la personnalité paranoïaque. S’ensuivirent un court séjour en prison pour assaut, un passage dans un hôpital psychiatrique et un traitement dans un centre de réhabilitation auquel sa famille l’avait contraint. En fait, il ne leur a jamais pardonné cette trahison. De plus, il a souffert de dépression et était bipolaire.

Je parle davantage du chanteur et bassiste, car je crois vraiment qu’il était l’âme de la formation. En plus de s’occuper de l’aspect visuel, il écrivait les paroles et accordait la majorité des entrevues; c’est donc sa personnalité qui rayonnait à travers l’aura de Type O. De plus, il avait une présence des plus imposantes: une voix de baryton-basse, un registre de quatre octaves, il portait des vêtements sombres, avait de longs cheveux noirs et était très très grand (il mesurait 6’8’’). Bref, il avait l’air d’un vampire, de la version goth de Fabio! Comme certains l’ont souligné avec justesse, il était à Type O ce que Lemmy était à Motörhead.

Amour, deuil, rupture, désir, envies meurtrières et dépendance étaient les thèmes de prédilections de Steele. Cela peut paraître très funeste, mais les admirateurs avaient compris que les textes étaient teintés d’humour (très) noir et d’autodérision. J’ai toujours aimé cette formation autant pour ce qu’elle dégageait que pour sa musique. Moins brutal et plus atmosphérique que la plupart des groupes de doom métal, et malgré le cynisme, il y a quelque chose de très authentique dans le son de Type O.

Peter Steele, tristement, mourra d’un anévrisme à 48 ans, le 14 avril 2010. Le chanteur avait réussi à guérir sa dépendance aux drogues et à l’alcool, écrivait de nouvelles chansons et prévoyait retourner en studio. La formation avait même signé un nouveau contrat de disque. À la lumière de cette tragédie, le batteur déclara à Rock News Desk: «Lorsque Peter est mort, Type O Negative est mort avec lui». En effet, les membres survivants n’ont jamais reformé le groupe.

Le monde de la musique a perdu un artiste sensible, talentueux et original.

Surveillez la prochaine chronique «Les albums sacrés» le 10 novembre 2016. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

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