«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de «The Fat of the Land» de The Prodigy – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de «The Fat of the Land» de The Prodigy

«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de «The Fat of the Land» de The Prodigy

Quand le punk rencontre le techno

Publié le 27 avril 2017 par Isabelle Lareau

Crédit photo : XL Recordings

Le groupe a pris forme en 1991 à Braintree, en Angleterre, lorsque Liam Howlett, qui se destinait à une carrière en design graphique, approcha XL Recordings avec ses démos, un LP intitulé What Evil Lurks. Lorsqu’il a voulu faire des concerts, il a demandé aux danseurs Keith Flint et Leeroy Thornhill de se joindre à lui. Maxim Reality, qui, pourtant, s’intéressait au reggae, les a rejoints peu après.

Liam Howlett est le cerveau du groupe; il compose et assemble les chansons. Le côté flamboyant est assuré par Flint, qui commença en tant que danseur et qui devint l’un des chanteurs, ainsi que par le vocaliste Maxim Reality (né Keith Palmer). Bien qu’il ait quitté la formation en 2000, Leeroy Thornhill était aussi danseur et claviériste de la formation.

Après un premier disque, Experience (1992), qui s’est bien vendu et qui a plu aux critiques, le groupe, dont la popularité augmentait rapidement en Grande-Bretagne, retourna en studio pour réaliser une deuxième offrande, Music for the Jilted Generation (1994). Celle-ci connut un grand succès, vendant le double de copies. Ils étaient les chouchous de la scène rave qui faisait rage à l’époque. Alliant house et big beat, ils avaient un petit je ne sais quoi qui les distinguait des autres groupes.

Puis le son de The Prodigy se raffine, ou plutôt, devient plus lourd: Howlett, qui aime le rap et le punk, choisit des échantillons de plus en plus variés. On délaisse le côté house pour embrasser le rock, une fusion qui leur a permis de conquérir un public beaucoup plus large. C’est également The Fat of the Land qui a permis à la formation de se faire connaître aux États-Unis et de vendre plus de dix millions de copies à travers le monde.

Maxim Reality chantait déjà au sein de la formation, mais son rôle a pris de l’importance. Et c’est sur cet album que Flint se transforma en chanteur. Celui-ci, grâce à son énergie particulièrement féroce, marqua l’imaginaire collectif. Ce fut également pour lui l’occasion de dévoiler son nouveau style qui inclut perçages, tatous et, surtout, une coupe de cheveux incroyable: le double mohawk dont les couleurs variaient en fonction de ses envies (il avait les cheveux bruns aux épaules). Je le soupçonne d’avoir été influencé par le chanteur des Sex Pistols, tant pour le style que l’attitude et la façon de chanter.

En fait, les deux danseurs devenus chanteurs possèdent une attitude très punk, très «dans ta face». Et lorsque l’on regarde leurs vidéoclips, on le comprend instantanément. De plus, leur chimie, qui est de nature conflictuelle, injectée à l’adrénaline, nous tient en haleine. Une dynamique qui est illustrée à merveille avec «Breathe». Et quelle vidéo! Dans une maison abandonnée et sordide, les membres de la formation sont victimes d’hallucinations sous la forme d’un crocodile, d’un rat et d’insectes… Le regard (lentilles) et le maquillage de Maxim Reality sont franchement effrayants…

«Firestarter», LA chanson qui les a introduits en Amérique du Nord, déborde d’énergie et contient un extrait de «Da Mystery of Chessboxin» (le bruit d’épée) de la formation Wu-Tang Clan. Le sentiment d’urgence est omniprésent et le clip l’illustre bien: pris dans un tunnel, Keith Flint est agité et le groupe court, mais ne peut s’échapper.

Mais c’est «Smack My Bitch Up» qui a suscité la controverse, autant au niveau des paroles (le groupe a été accusé d’encourager la violence à l’égard des femmes) que du clip (sexiste). En fait, le texte se résume à deux phrases, «Change my pitch up / Smack my bitch up», tirées de «Give the Drummer Some» d’Ultramagnetic MC’s, l’un des nombreux échantillons de ce titre. Il contient également le fameux riff de Tom Morello dans «Bulls on Parade» de Rage Against the Machine.

La vidéo est réalisée par Jonas Åkerlund (Metallica, Rammstein, Madonna et Lady Gaga). Celui-ci est percutant; dépeignant une personne qui commet tous les excès possibles, on comprend à la toute fin que le personnage principal est une femme, tandis que la narration laissait sous-entendre qu’il s’agissait d’un homme. Une très bonne chanson, mais quelque peu répétitive. Retournons en 1997:

«Funky Shit», vous l’aurez reconnu, contient un extrait de «Root Down» des excellents Beastie Boys. «Fuel My Fire» est une reprise du groupe punk L7 et reste très fidèle à l’original. L’une de mes préférées est «Diesel Power» pour son côté rap «old school».

L’accent a toujours été mis sur le rythme et, bien honnêtement, pas tellement sur les paroles. En temps normal, les paroles jouent un grand rôle dans mon appréciation d’un groupe. Pourtant, dans le cas de The Prodigy, cela ne me dérange pas. Bien au contraire, j’aime le côté intense et le sentiment de liberté qui se dégage de leur musique. L’album est parfait pour faire la fête et danser jusqu’aux premières lueurs du jour (et les dernières des glow sticks).

Et vous, quelles sont vos souvenirs associés à The Fat of the Land?

Surveillez la prochaine chronique «Les albums sacrés» le 11 mai 2017. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

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