MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : www.rammstein.de
Alors je me lance: il y a quelque chose de grandiose et de glauque, une rage bien sentie, mais aussi une énergie quasi triomphale qui englobe l’univers du sextuor. Musique décadente et excessive, l’esthétisme brut et le son industriel encadrent avec perfection le style très agressif de Rammstein. Les membres s’imposent grâce à leur prestance, leur attitude et leur sens de l’humour plutôt noir.
Nous entendons souvent l’expression «cock rock» pour désigner certains groupes rock ou glam tels que The Darkness, Steel Panther et Kings of Leon. Je vais m’aventurer et faire un parallèle avec cette désignation: si le «cock metal» était un genre, je crois que Rammstein figurerait en tête des formations qui mériteraient ce qualificatif.
Les musiciens étaient tous membres de différents groupes de musique avant de former Rammstein. Cependant, ils se connaissaient puisqu’ils faisaient partie de la petite scène musicale de l’Allemagne de l’Est. En 1993, la formation se réunit afin d’écrire des chansons. Coup de chance; l’année suivante, le sextuor gagne un concours qui leur permet d’enregistrer quatre titres dans un studio professionnel. Fait intéressant: aucun membre n’a quitté Rammstein, il s’agit des mêmes musiciens qui constituaient le groupe en 1993 (Till Lindemann: chant et parolier, Richard Zven Kruspe: guitariste, Paul Landers: guitariste, Oliver Riedel: bassiste, Christian ‘Flake’ Lorenz: claviériste et Christoph «Doom» Schneider: batteur).
Comment décrire leur musique? Un mélange drôlement fluide de métal et d’industriel avec une certaine aura gothique. Influencé par Depeche Mode, KMFDM, Kraftwerk, Laibach et Ministry, le groupe se distingue par son côté plutôt orchestral et bien ancré dans l’électro. Guitares aux riffs incisifs, voix de baryton et sonorités techno, les Allemands parviennent à charmer les mélomanes de différents genres.
La formation se décrit comme étant apolitique et se défend de faire la promotion du nazisme, une critique courante au début de leur carrière. Elle se positionne néanmoins comme étant «de gauche», par le biais de la chanson «Links 2-3-4» (du disque Mutter, paru en 2001). Mais, ils ont certainement un faible pour la controverse: certaines chansons traitent de violence sexuelle, de bestialité, de meurtre et de BDSM. Certaines de leurs vidéos sont bannies et certains de leurs concerts (aux États-Unis) sont censurés.
À l’échelle planétaire, Rammstein est le groupe allemand le plus connu, et ce, grâce à Sehnsucht (1997), leur deuxième album. Les membres préfèrent chanter dans leur langue maternelle. Le bassiste du groupe a même déjà affirmé au Sunday Herald Sun (Melbourne, 24 octobre 2004): «L’allemand convient à la musique heavy métal. Le français est peut-être le langue de l’amour, mais l’allemand le langue de la colère».
Cependant, ils intègrent, de temps à autre, des paroles en russe, en espagnol, en français et en anglais. En effet, tandis qu’ils tentaient de percer chez nos voisins du Sud, le groupe a offert une version en anglais des extraits «Engel» et «Du hast». Cela n’a pas fonctionné, les fans préféraient la version originale. Le succès aux États-Unis n’a pas trop tardé cependant, leurs nombreuses tournées ont, finalement, séduit le public américain. Leurs passages au Festival d’été de Québec (2010) et celui du Rockfest cette année ont définitivement impressionné les spectateurs québécois.
Le côté sombre et mélodique de la musique constitue leur force et, malgré les sonorités très abrasives, il y a un aspect très dansant. La preuve: dès que les premiers sifflements d’«Engel» retentissent dans un bar, tous, instinctivement, se dirigent vers le plancher de danse.
Et vous, quelles est votre chanson préférée de Rammstein pour danser ou pour rejoindre le mosh pit?