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Crédit photo : www.secretcityrecords.com
Après que la planète s’est entiché de Patrick Watson alors qu’il multiplie les collaborations et les participations à un grand nombre de films autour du globe (The Tree d’Australie, Mères et filles de France, C’est pas moi je le jure!, Mabul (The Flood), etc.), voilà que le groupe nous revient avec un nouveau disque fort original. Quelque chose dans la parfaite continuité des précédents, qui a tout pour ravir les fans de la première heure, en plus de certainement se trouver de nouveaux fidèles pour ceux qui n’auraient pas encore succombé au charme.
Sans délaisser les explorations, ils continuent d’expérimenter un peu et ne s’aventurent plus autant dans les valses, mais plutôt ici dans les berceuses («Noisy Sunday» vs. «Step Out For a While», par exemple). L’utilisation des trompettes de Mariachi peut certainement détonner, surtout qu’elles se pointent dès «Lighthouse», la pièce d’ouverture, mais il n’est plus question de reconsidérer ce choix lorsqu’on entend la sublime chanson titre. Quelques pièces instrumentales se retrouvent à nouveau sur le disque, «The Thing You Do» et «Swimming Pool», mais sinon, sans changer une formule gagnante, on reconnait immédiatement le style distinct de Patrick Watson: sa douce voix semi-plaintive, sa musicalité distincte, ses paroles mystérieuses et les sages collaborations; de quoi se laisser planer en haute voltige avec les chansons.
Loin derrière, donc, de l’époque de The Great Escape, qu’on a tous écouté à usure, le son s’est fortement enrichi et, pourtant, on est revenu à la douceur d’antan. Les bras de bois et les oiseaux mis en cages avaient fait du disque précédent quelque chose d’aussi sombre que beau, alors qu’ici on préfère miser sur une belle légèreté, allant de paire avec l’idée de voyages et d’aventures, un peu comme d’un beau rêve mi-agréable, mi-mystérieux. Un peu comme la déchirante «Words in the Fire» sait en faire foi.
Dans le même ordre d’idées, on se délecte de l’irrésistible «The Quiet Crowd», qu’on chantonne en l’écoutant et qui nous permet de dériver doucement avec «Morning Sheets». Il faut dire aussi que le tout a été ramené à quelque chose de bien plus pop, sans jamais rejeter l’affection pour le jazz, qui a toujours habité le groupe, mais en y portant une attention décidément moins grande. Mis à part les différents types de guitares, il y a donc beaucoup moins de cordes, toujours autant de piano, mais encore une belle panoplie d’instruments comme le xylophone, sur la très belle «Black Wind», soulignant le grand travail au niveau des arrangements qui ravissent indubitablement les oreilles.
Certes, peu de changements pour Patrick Watson avec ce nouveau disque. Pas de révolution, seulement une amélioration qui continue d’être constante. Il est donc possible de se lasser au fil des écoutes si cette combinaison ne vous séduit pas. Par exemple, «Into Giants» nous rappelle les nombreux tics du groupe, évoquant sans mal les similaires «Man Like You» ou «Man Under the Sea», en terme de composition. Pour le reste, toutefois, et parce que le disque s’écoute et se réécoute somme toute très bien, on ne peut que le savourer et le saluer. Comme quoi, maître de son propre art, Patrick Watson semble être incapable de réellement décevoir.
L'avis
de la rédaction