«A Thing Called Divine Fits» de Divine Fits: un vrai de vrai band – Bible urbaine

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«A Thing Called Divine Fits» de Divine Fits: un vrai de vrai band

«A Thing Called Divine Fits» de Divine Fits: un vrai de vrai band

Publié le 10 septembre 2012 par Louis-Jean Trudeau

Liés par une forte admiration mutuelle, Britt Daniel (Spoon) et Dan Boeckner (Wolf Parade, Handsome Furs) envisageaient depuis longtemps la possibilité de coécrire des chansons. Après la fin prématurée des deux principaux groupes de Boeckner, l’occasion se présenta enfin. Divine Fits est le résultat de cette alliance inespérée entre deux géants du indie rock moderne.

Depuis le début des années 1970, le terme «supergroupe» rime trop souvent avec «égos démesurés», «succès éphémère» et «Eric Clapton». Compte tenu de leur passion commune pour le bon vieux classic rock, Daniel et Boeckner sont probablement plus qu’à l’affut de ces terribles préjugés musicaux. Sans grande surprise, «A Thing Called Divine Fits» n’a donc rien à voir avec Asia et leur arena rock progressif ou Derek and the Dominos et leur incapacité à engendrer un deuxième hit. Ce premier album va à l’encontre de toutes les tendances typiquement «supergroupiennes» en misant sur des chansons épurées et une approche minimaliste. Bref, aucun dépaysement en vue pour les amateurs de Spoon et Handsome Furs.

Le disque démarre avec le synth-pop nocturne de «My Love Is Real» et on retrouve Dan Boeckner exactement là où on l’avait laissé. La pièce semble être un prolongement direct de Sound Kapital, album final des Handsome Furs sur lequel Boeckner avait pratiquement abandonné la guitare pour laisser toute la place aux claviers. Même constat du côté de Britt Daniel. Avec sa rythmique serrée et ses guitares à contretemps, «Flagging a Ride» pourrait se glisser aisément dans Transference, le dernier album de Spoon. Les subtilités de la collaboration entre les deux musiciens se révèlent sur «The Salton Sea», alors que Boeckner et Daniel chantent en alternance sur fond électronique. Le côté froid et répétitif des arrangements rappelle beaucoup le Berlin synthétique imaginé par Brian Eno et David Bowie.

Les textures électroniques laissent éventuellement place à des moments pop rock d’une efficacité redoutable. «Would That Not Be Nice» vole la vedette grâce à une ligne de basse à faire pleurer Elvis Costello et une performance particulièrement énergétique de Britt Daniel. Boeckner affiche également ses talents de compositeur pop en faisant jaillir un refrain miraculeux des couplets tendus de «Baby Get Worse». Autre belle surprise du disque : une reprise ravageuse de «Shivers», succès culte des Boys Next Door. Daniel livre le texte limite-suicidaire de Rowland Howard de sa voix la plus écorchée, soutenu par des guitares chaotiques à la Sonic Youth.

Selon les entrevues récentes avec Daniel et Boeckner, Divine Fits serait un vrai de vrai band, et pas un side project temporaire. Il y a de quoi se réjouir car cette première collaboration est une réussite totale. Le rock minimal de l’un se marrie parfaitement avec le penchant synth-pop de l’autre. Vous pouvez donc cesser de pleurer la disparition de Wolf Parade et Handsome Furs: Divine Fits prend la relève.

Appréciation: ****

Crédit photo: www.divinefits.com

Écrit par: Louis-Jean Trudeau

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