«À présent le passé» de Laurence Hélie – Bible urbaine

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«À présent le passé» de Laurence Hélie

«À présent le passé» de Laurence Hélie

Un nouveau départ sur d’anciennes bases

Publié le 24 octobre 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Simone

C’est deux ans après son premier album homonyme que Laurence Hélie a lancé, le 1er octobre dernier, À présent le passé, un projet plus dynamique et moins planant que le premier mais aux sonorités résolument country-folk – moins country que folk toutefois –. Celle qui avait remporté le Félix du meilleur album country au gala de l’ADISQ 2011 n’a rien perdu de sa voix si particulièrement envoûtante et on entend très bien la suite logique dans les couleurs et les arrangements de Joe Grass, à défaut de retrouver les mêmes thématiques dans les textes.

Elle a maintenant passé le cap de la trentaine et elle est plus sereine. On le sent bien sur les dix pièces de ce nouvel effort qui pose un regard sur sa vie, sur ses peurs, ses craintes, mais aussi ses espoirs, surtout dans des paroles comme «Moi je n’ai besoin de rien, tant que toi tu tiens ma main, tant que tu m’aimes, je n’ai besoin de rien». Assez positif dans l’ensemble, malgré quelques pièces portant sur des amours déçus et un peu de mélancolie, À présent le passé n’est pourtant jamais triste. Il est plutôt assez entraînant, avec nombre d’instruments chaleureux tels que la basse et la contrebasse de Hans Bernhard (Thus:Owls), le piano de Leif Vollebekk, les saxophones d’Adam Kinner et Jason Sharp et les violons et violoncelles de Joshua Zubot et d’Émilie Girard-Charest. Soulignons d’ailleurs l’apport des cordes tantôt pincées, tantôt frottées, comme dans la pièce d’ouverture, «À présent le passé», ou encore l’harmonica percutant qui ouvre et referme «Pas de promesses».

C’est en effet tout un éventail de subtilités dans les arrangements musicaux qui amènent non seulement de la groove aux mélodies de Laurence Hélie, mais aussi des ambiances nouvelles et rafraîchissantes qui permettent de rehausser un peu la traditionnelle recette de la chanteuse. Car Hélie mise beaucoup sur sa voix singulière, qui passe sans accroc de la voix de corps à celle de tête, toujours avec cette petite touche nasale juste assez pour être charmante. Qu’à cela ne tienne, les airs agréables et les jolis textes, composés par la jeune artiste et trois acolytes, Dave Richard, Brice Homs et Frédérick Baron, pallient au manque de caractère de la voix d’Hélie, qui ne manque toutefois pas de sensibilité ni d’émotion.

C’est d’ailleurs des notes tenues et très douces qu’on peut entendre sur «La Rivière», sans doute la pièce la plus intime de l’album. Soutenue par des guitares planantes en arrière-plan et un piano prédominant, Laurence Hélie y répète que «seules les phrases ont un point final», une belle poésie pour parler d’un amour encore présent malgré la rupture d’un couple. La pièce qui clôt ce deuxième opus, «Pour de bon», est également très personnelle, alors que d’une voix presque langoureuse, la chanteuse se confie: «Sur un coup de tête, j’balance tout par la fenêtre, en éclats, en miettes. Je lance une bombe, un appel de détresse, pour être sûre que tu répondes», le tout en suivant les violons clairs et saisissants.

Il ne faut pas oublier de mentionner «De tout et de rien», la plus country des chansons de l’opus, qui contient la douce voix de Louis-Jean Cormier en second plan pour laisser toute la place à Hélie, mais qui apporte une douceur des plus intéressantes. Le mariage des deux voix, la guitare électrique pas tout à fait nette et le rythme joyeux et apaisant à la fois en font l’une des pièces les plus réussies du disque, mais aussi des plus entraînantes. Toutefois, pour le dynamisme, il faut aussi écouter la rigolote «Fille de western et chasseur de primes» qui donne le goût de l’aventure alors qu’Hélie chante «Partons-nous vers le Nord, partons-nous sans nos corps, sur un radeau, un météore, passer des ports sans nos passeports».

C’est toutefois «Trente ans» qui, malgré sa belle et intense finale en crescendo, l’appui de la voix de Cormier, le saxophone tenu, grave et son ambiance planante qui est la moins accrocheuse. Bien que les paroles de la pièce soient d’une grande beauté et amènent à la réflexion, passant de «30 ans, il serait grand temps de faire ce que je veux faire depuis longtemps» à «J’espère qu’il est trop tôt pour être trop tard, qu’à force de courir, j’arriverai quelque part. J’espère qu’enfin, je n’aurai plus peur, j’espère qu’il sera l’heure pile du bonheur», il faut dire que le concept devient rapidement lassant. Alors que presque chaque vers débute par «30 ans» et se termine par une rime, on se désole que ces répétitions dérangent au point de prendre le dessus sur la beauté du texte.

Dans l’ensemble, À présent le passé est un album empreint d’espoir, mais aussi de nostalgie, ce qui en fait un disque inégal, oscillant entre la clarté et l’obscurité, mais aussi entre le folk, le blues et la pop; entre les refrains accrocheurs et la douce intimité. Toujours authentique, Laurence Hélie livre malgré tout dix pièces douces et agréables à écouter, fidèle à elle-même, comme on l’avait tant aimée, en 2011.

À présent le passé, le second opus de Laurence Hélie, est paru sous l’étiquette Simone Records le 1er octobre dernier.

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