«À genoux dans le désir» de Yann Perreau: à pieds joints dans la collaboration – Bible urbaine

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«À genoux dans le désir» de Yann Perreau: à pieds joints dans la collaboration

«À genoux dans le désir» de Yann Perreau: à pieds joints dans la collaboration

Publié le 9 octobre 2012 par Alice Côté Dupuis

C’est ce mardi 9 octobre que Yann Perreau a lancé son quatrième album en carrière, À genoux dans le désir. Présentant des textes issus de l’œuvre du poète, écrivain et chanteur Claude Péloquin, l’opus sera présenté devant public les 11 et 12 octobre prochains au Club Soda, puis le 19 octobre à Québec, à la Salle Octave-Crémazie.

Rejoint au téléphone, Yann Perreau nous a expliqué la raison pour laquelle il a plongé dans l’univers d’un autre auteur pour son quatrième projet.

«C’est presque un accident de parcours. J’ai rencontré Claude que je ne connaissais pas. Je connaissais le mythe, le personnage, à cause des grandes lignes de sa vie, dont la chanson «Lindberg» de Robert Charlebois, et aussi sa phrase «Vous êtes pas écœurés de mourir bande de caves». Quand on s’est rencontrés, c’était dans un vernissage. Il m’a mis la main sur l’épaule et m’a dit qu’il était content de me rencontrer, qu’il avait des textes pour moi qu’il pourrait m’envoyer si je le voulais. J’étais full impressionné d’avoir la légende en avant de moi. Il m’a envoyé une grosse enveloppe, c’était en 2009 à l’automne. J’étais en tournée à ce moment-là, je n’avais pas la tête à faire tout de suite quelque chose avec ça. En octobre 2011, j’ai mis les textes sur mon piano, puis les musiques tranquillement se sont mises à couler. Je ne savais même pas si c’était pour devenir un album, un show ou rien pantoute. J’ai laissé aller le flow. Finalement, j’avais cinq chansons de montées avant les Fêtes, puis j’ai fait écouter la maquette à mon label et ils m’ont convaincu que je tenais un projet qui se valait. Au printemps, j’étais en studio, et j’ai fini le disque en juin.»

Quelle est la difficulté de s’approprier des textes écrits par un autre auteur?

«Claude m’a remis plus de 300 pages de prose, de poèmes, de textes écrits sous forme de chansons. Moi, quand je compose, je veux faire des chansons qui soient dans un format pop, qui soient accessibles. Je ne voulais pas que ce soit un projet trop lyrique, trop expérimental. J’ai dit à Claude: ‘‘me permets-tu d’arranger ça pour que ça groove, que ce soit un peu à ma couleur, comme je compose?’’. Je voulais que ce soit un projet qui ne détonne pas trop de mes autres projets. Et j’ai vraiment eu carte blanche. C’est sûr que je montrais toujours les textes à Claude, comment j’ai arrangé les affaires. J’ai toujours eu son approbation. Des fois, il me disait: ‘‘ça c’est pas moi qui a écrit ça mais j’aime ça, tu vas mettre ton nom à côté du mien’’. Ça fait voyager la poésie de Claude, parce que c’est un grand voyageur, c’est un être libre.»

Et après trois albums solos originaux, pourquoi avoir choisi de mettre en musique l’œuvre de quelqu’un d’autre?

«Je l’avais déjà fait sur Un serpent sous les fleurs. «Le bruit des bottes», c’est pas moi. Même avant, sur Nucléaire, la chanson «Grande brune», c’était Arthur H qui l’avait écrite. J’ai toujours été un interprète aussi, alors pour moi ça ne change rien. Ce sont des textes qui me touchaient tellement, qui me ressemblent tellement, en plus je les ai tellement retravaillés, alors pour moi, je n’ai pas l’impression de chanter autre chose que la suite du troisième album. J’ai vraiment le feeling que c’est mon disque. À quelque part, c’est aussi un hommage. J’ai tenu à écrire «textes de Claude Péloquin» sur mon album, mais j’aurais pu le présenter comme étant mon quatrième disque, simplement. Pour lui, qui a 70 ans, que quelqu’un de jeune reprenne ses textes et en fasse un disque, je le vois dans ses yeux qu’il est fier.»

Crois-tu que le répertoire de Péloquin connaîtra un second souffle grâce à toi?

«C’est sûr que ça permet de le mettre à jour pour notre génération. Les gens de mon âge et plus jeunes, on ne le connaissait pas beaucoup. De travailler dans ses textes, ça m’a donné envie de plonger dans son œuvre. C’est un beatnik, c’est un voyageur, c’est un outsider Claude. Il est pas politically correct  puis il ne le sera jamais. Mais sa poésie, c’est une poésie d’amour, de liberté.»

Es-tu confiant d’être capable d’aller rejoindre autant les gens et de donner un aussi bon spectacle avec du matériel que tu n’as pas écrit?

«J’ai déjà gagné pour le meilleur show à l’ADISQ, puis il y avait seulement deux tounes que j’avais écrit dans le spectacle. Ça ne change rien. Faut arrêter de capoter avec c’est qui qui a écrit quoi. La toune est-elle bonne ou pas bonne? Après ça, on s’arrange. Quand je chante «Le bruit des bottes», c’est moi qui la chante, puis c’est pas moi qui l’a écrite. Faut s’enlever ça de la tête. Moi, je suis un artiste multidisciplinaire.»

Sur À genoux dans le désir, chaque chanson est un duo et avec des femmes en plus. Qu’est-ce qui a motivé ce choix?

«J’ai invité une de mes amies qui joue de la flûte et qui est anglophone à chanter des chœurs sur «Ce sourire qui ne ment pas». Elle hésitait, mais je lui ai montré les mots et lui ai dit que ça allait être beau, que ça allait être sexy. Je l’ai fait chanter sur le refrain avec moi. Finalement, c’était tellement beau sur la maquette. On écoutait «Merci la vie» et on s’est dit ‘‘Wow, ça serait tellement beau avec Ariane [Moffatt]’’ C’est comme ma sœur, Ariane, alors je l’ai appelée, je lui ai envoyé la toune et elle a dit oui. C’est là que tranquillement, ça a déboulé. ‘‘Ah, cette toune-là irait bien avec Catherine Major’’. Alors tant qu’à en avoir 3-4, on s’est dit qu’on ferait chaque toune avec des femmes. On voulait que les chansons soient appuyées avec une touche de voix féminines sans que ce soit un album de duos qu’on capote à écouter la performance vocale de la fille. Ce sont plus des petits fantômes, des petites boules de soie. Ça appuie la personnalité de la toune. De cette façon-là, les tounes sont toutes assez différentes, ont toutes une aura forte.»

Et pour les spectacles-lancements des 11 et 12 octobre au Club Soda de Montréal, à quoi peut-on s’attendre?

«Je ferai l’ouverture en piano solo pour décontracter un peu l’ambiance, parce que je sais que ça va être électrique, moi je vais être nerveux, et tout. Je vais faire un petit 20 minutes pour casser la glace, des tounes de mes albums précédents. Tranquillement, le rideau va ouvrir puis il va y avoir une surprise: tout le band va être là. On fait l’album À genoux dans le désir au complet. On commence avec «Vertigo de toi» et après on fait le disque à l’envers. J’ai invité tout le monde, alors par moments, on va être presque une quinzaine sur le stage. Claude va être là aussi pour sa toune. Il y a Elisapie Isaac qui ne sera pas là, parce qu’elle est à Toronto pour un spectacle, aussi Marie-Pierre Arthur et Salomé Leclerc, qui seront là un des deux soirs seulement. Sinon, tout le monde sera là. On le fait à Québec, aussi, mais je ne pourrai pas amener toutes les chanteuses.»

À genoux dans le désir, le quatrième opus de Yann Perreau, est disponible en magasin dès maintenant.

Crédit photo: Valérie Jodoin Keaton

Écrit par: Alice Côté Dupuis

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