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Crédit photo : www.facebook.com/thewarondrugs
Frais de la reconnaissance méritée que leur a valu l’album Lost In the Dream (2014) et particulièrement la brillante chanson «Red Eyes», le groupe a choisi de prendre son temps afin de peaufiner les pièces qui se retrouvent sur ce nouvel album. Ainsi, les chansons prennent du temps à se frayer un chemin, malgré un son qui s’inscrit dans la tradition de compositeurs titanesques tels que Dylan, Petty ou surtout Springsteen. La plupart des chansons dépassent le cap des six minutes, le groupe désirant faire perdurer ce sentiment connu mais sincère.
Dès les premiers instants de «Up All Night», on se laisse amadouer par la qualité des compositions et par la voix d’Adam Granduciel, qui peut malheureusement parfois faire penser à Bryan Adams. On lui pardonne et on passe à autre chose rapidement. Sur «Pain», on se fait littéralement bercer dans de somptueux arrangements qui nous fondent dans les oreilles. Et cette guitare électrique qui surgit à l’avant-plan, toujours au meilleur moment, nous faisant frémir. The War on Drugs a un sens du timing qui mérite d’être souligné.
Les deux chansons suivantes sont sans doute parmi les meilleures que le groupe n’ait jamais composées. Tout d’abord, «Holding On» est probablement la pièce qui rappelle le plus «Red Eyes» et, par le fait même, Bruce Springsteen. Ainsi, on peut l’écouter de jour, de nuit, en voiture ou chez soi. Une de ces chansons qui nous ramène à la maison tellement elle fait du bien. À l’intérieur, une relation brisée: «What are we talking of? / Did I let go too fast? / Was I holding on too long?», se questionne Granduciel. Cliché, mais drôlement efficace.
«Strangest Thing» est cette ballade qui commence à jouer alors que l’on entend les bouteilles vides retrouver leurs caisses tout aussi vides. La chanson où l’espoir et la résignation se côtoient dans un beau grand slow. Ai-je parlé de la guitare qui résonne de façon juste assez exagérée? «I recognize every face / But I ain’t got everything I need», lance le chanteur, rappelant la nostalgie omniprésente de l’album Saturdays = Youth de M83. Du bonbon.
L’opus tombe un peu plus à plat sur le morceau suivant, «Knocked Down». Par contre, «Nothing to Find» revient aussitôt avec un rythme incessamment soutenu. Même les titres de chansons ont quelque chose de familier et d’ordinaire, comme si le groupe allait volontairement dans l’ultra-conventionnel. La pièce-fleuve «Thinking Of a Place», à plus de onze minutes, laisse l’auditeur contemplatif et rêveur, sûrement un état que le groupe cherchait à créer.
L’album se termine tout en beauté avec une série de chansons magistralement réalisées et fignolées. The War on Drugs connaît exactement ses forces et mise sur son talent indéniable pour la composition. Avec A Deeper Understanding, le groupe cimente sa place parmi les meilleures formations indie-pop-rock-folk-machin de la planète. Parfois, nul besoin d’essayer de réinventer la roue, il suffit de garder les yeux tout droits sur l’horizon.
Un album beau, chaleureux, qui nous plonge dans un endroit confortable du début à la fin. Parfait pour regarder tomber les feuilles avec l’arrivée de l’automne.
L'avis
de la rédaction