MusiqueCritiques d'albums
Crédit photo : Audiogram / Shoot Studio
Le changement de sonorités n’est pas si drastique, mais il est bien là. Les fans des premières heures seront quelque peu bouleversés, mais seront ravis de constater que Salomé Leclerc se dévoile davantage sur cet opus. Ce sont des paroles comme «Je n’ai jamais crié ma colère / Je l’ai voulu souvent / Je n’ai jamais regardé par terre / Pas si forte pour autant» (énergique «Le bon moment» avec une belle présence de batterie et de cuivres solennels), qui prouvent que l’artiste n’a pas peur de jouer franc-jeu et de laisser quelque peu de côté les métaphores qu’on retrouvait notamment sur «Dans la prairie» (Sous les arbres, 2011).
Outre la dynamique «Arlon» – dont une sublime version dépouillée de synthétiseurs et de sons électroniques a été lancée avant même la sortie de 27 fois l’aurore sur l’album Trente, soulignant les 30 ans d’Audiogram – et la délicate «Vers le Sud» que l’on connaissait déjà grâce au vinyle paru le 29 avril dernier, il faut écouter «En dedans» pour constater la réussite du mariage entre instruments francs et sonorités électroniques et synthétiques.
«L’icône du naufrage» est sans doute la plus représentative de l’influence que Philippe Brault, co-réalisateur de l’album, a eu sur la musique de Leclerc. Alliant synthétiseur et batterie électronique, elle donne rapidement le ton, créant une musique très aérienne, portant pourtant un texte des plus sombres, livré de touchante façon. Mais pour un son plus semblable à Sous les arbres, c’est du côté de «Devant les canons» qu’il faut se tourner.
La musicienne laisse de plus beaucoup de place à la musique et aux envolées instrumentales sur son second effort. De nombreux morceaux, dont «Un bout de fil» (qui utilise le bruit du vent comme instrument, créant un effet apaisant pour cette chanson sensible piano-voix) et «Attendre la fin» au discours assez révélateur également, laissent entendre de longues minutes de musique à la fin. Cela peut toutefois s’avérer être beaucoup, surtout dans le cas de «Et si cette fois était la bonne», où la portion instrumentale se prolonge pendant deux bonnes minutes sur ce qui est, par ailleurs, le morceau le plus différent de l’opus, alors que la voix de Leclerc apparaît dédoublée, en décalage, dans une ambiance très – trop – éthérée.
Si l’ensemble de l’album est plutôt sombre, il faut tout de même prendre le temps de porter attention aux détails des arrangements et à l’apport des cuivres de Benoît Rocheleau et de la batterie de José Major, complices des premières heures, qui élèvent chaque chanson pour un peu plus de clarté.
L'avis
de la rédaction