LittératureBandes dessinées et romans graphiques
Crédit photo : Pow Pow
S’il y a bien un trait caractéristique qui relie tous les personnages qui peuplent l’imaginaire débridé de Samuel Cantin, c’est qu’ils ont tous cette facilité déconcertante à plonger bras ouverts dans le ridicule et de s’y noyer jusqu’à l’épuisement. À l’instar de Marcus Pigeon, qui n’avait rien d’un Tintin dans Objectif Lune, Lucien Vil n’inspire nullement la crainte comme démon qui travaille comme libraire chez Voitures usagées Linguine.
Vous avez bien compris, Lucien Vil est un démon avec une corne de chaque côté de la tête et il vend des classiques de la littérature dans un concessionnaire d’automobiles usagées. Nul besoin de vous dire que, d’entrée de jeu, Samuel Cantin nous fait à nouveau entrer dans un univers en noir et blanc où toute la couleur est accordée aux dialogues irrévérencieux qui n’ont aucune limite. Donc, oreilles chastes s’abstenir.
Ainsi, Vil et misérable nous oblige bien malgré nous à apprécier Lucien Vil, ce démon qui n’a pourtant rien de charmant, outre peut-être cet attachement maladif pour l’Halloween, où il peut enfin se parader nu comme un ver sans pour autant attirer l’attention sur lui. Le récit démarre en grande pompe avec Lucien Vil en consultation chez son psychologue, probablement l’être le plus ignoble que la Terre ait porté, lequel, en plus d’être impoli, condescendant et colérique, envoie des textos à sa cocotte de seize ans pendant que son patient agonise de honte sur sa chaise.
Démon incompris, en plus d’être la risée de tous les vendeurs automobiles de Linguine, Lucien Vil n’a certes pas été choyé par la nature. Abstinent depuis quarante ans, il doit maintenant prouver à tous, sauf à son patron bien sûr, un nain pris d’affection pour son cher employé, qu’il est capable d’intégrer la société et de former son nouvel assistant, un certain Daniel de Fleurimont, qui va en voir de toutes les couleurs.
Avec des passages parfois drôles à nous faire glousser de plaisir et des moments explicites qui vous feront rire de gêne, la nouvelle bande dessinée de Samuel Cantin rejoint décidément les rangs de son prédécesseur, Phobies des moments seuls, qui nous permettait d’apprivoiser des personnages loufoques qui n’avaient pas peur de rire d’eux-mêmes et de rire des autres. Après tout, le ridicule ne tue pas, comme le dit le proverbe.
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de la rédaction