LittératureRomans québécois
Crédit photo : Éditions Alto
Comment résister à une quatrième de couverture aussi attirante: «(…) fous, des amants, un milliardaire, des enfants livrés à eux-mêmes. Ils sont animés par des intensions cruelles, sadiques, morbides ou masochistes.» À la lecture de ces quelques mots, le lecteur sait déjà qu’il n’y trouvera pas de petites douceurs. Or, ce n’est pas si simple. Les récits sont des plus sombres et secouent l’univers des lecteurs. Ils seront secoués dans ce qu’ils sont et dans ce qu’ils croient.
Le poids de chaque récit est renforcé par le sens du punch de Karoline Georges. En effet, à chaque nouvelle ouverture, le lecteur ne sait pas à quoi s’attendre. Et ce sont seulement les derniers paragraphes qui nous montrent l’horreur de la situation. C’est pourquoi il est préférable de le consommer à son rythme.
Les comportements sombres racontés par Karoline Georges sont de deux types. Ils peuvent avoir des répercussions pour la personne qui les crée ou, et ce sont les plus difficiles à accepter, sur une victime. Dans le premier cas, l’auteure nous amène plus loin. Au moment où l’on croit à une «simple» scène de torture, on découvre plutôt un fantasme scénarisé visant à exciter la «victime». Dans ce cas, on pense à une scène de soumission où la personne soumise et insultée est plutôt celle qui est excitée par ce fantasme. Dans ce cas, les lecteurs jugeront s’il s’agit d’un désir légitime ou non.
D’un autre côté, certains «désirs» sont plutôt difficiles à accepter et sont de véritables plaies de la société. Dans ce cas, on pense principalement à l’inceste et à la manipulation qui l’entoure. Le récit qui aborde ce comportement indiscutablement pervers saura toucher le public. Il est d’autant plus dégoutant qu’il ne s’agit pas d’un enfant en bas âge. Le lecteur peut donc mesurer toute l’ampleur de la manipulation qui traverse le temps et qui détruit des vies.
Seulement, pourquoi tant de cruauté? Tout au long du récit, on se demande où Karoline Georges veut nous mener. Le livre semble être une énumération de comportements déviants, mais à quoi ça sert? La dernière nouvelle s’ouvre sur l’espoir. Toutefois, après tant de nouvelles noires, la dernière semble placée là pour nous donner le goût de croire à un certain espoir. Elle n’en est pas moins intéressante. Nous pouvons tout de même nous questionner sur sa place dans le récit. Car, une seule nouvelle sur l’espoir contre quinze autres nouvelles dures et sanglantes, cela lui donne bien peu de poids, surtout placées à la toute fin de l’ouvrage, coincée entre des dizaines de pages sombres, et la quatrième de couverture.
Ce recueil saura sûrement assouvir les sombres pensées du lecteur. Dans les descriptions, il y verra ce qu’il n’aura jamais la puissance de réaliser. Karoline Georges dépasse ici le simple voyeurisme pour créer un véritable malaise dans l’esprit du lecteur. Certains comportements le dégoûteront, d’autres l’amèneront se questionner. Et seulement à la dernière seconde, il apercevra la lumière au bout du tunnel. Sera-t-il trop tard? Percevra-t-il cette seconde chance comme une option et non une finalité en soi? Par sa personnalité et sa perception de l’humain, le lecteur apprivoisera les univers pervers de Variations endogènes, à sa façon.
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de la rédaction