«Une jeune fille sage» d’Annabel Lyon – Bible urbaine

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«Une jeune fille sage» d’Annabel Lyon

«Une jeune fille sage» d’Annabel Lyon

Difficile de se laisser emporter

Publié le 4 août 2014 par David Bigonnesse

Crédit photo : Alto

Il est de moins en moins commun aujourd’hui qu’un lecteur soit transporté dans la Grèce antique, à l’époque des philosophes Platon et Aristote au IVe avant J.-C., dans la littérature actuelle. Une jeune fille sage, le roman de l’auteure d’origine ontarienne Annabel Lyon, vient toutefois infirmer cette règle avec sa protagoniste Pythias, jeune fille ayant des intérêts et des aptitudes autres que ceux stéréotypés et construits par la société. Malheureusement, on se perd à certains moments dans le roman, et pour apprécier le récit, il faut être captivé par Pythias et son évolution dans son environnement physique, sentimental comme intellectuel, ce qui n’est pas toujours le cas.

Éduquée et valorisée d’une façon à tout le moins assez moderne pour son époque par son père, Pythias détonne. Il faut rappeler que la Macédonienne vivant à Athènes n’a pas un paternel ordinaire, puisqu’il s’agit du philosophe Aristote. Celui-ci élève sa fille dans la science et la connaissance. Les tâches domestiques ne sont pas sa tassé de thé. Curieuse, le personnage féminin souhaite analyser des crânes et disséquer des animaux de toutes sortes, entre autres. En plus, l’univers livresque, Pythias, appelée aussi familièrement Pytho, le connaît très bien.

Toute une galerie de personnages, bien imaginés avec leurs caractéristiques propres par l’auteure, vient se greffer à la protagoniste: Herpyllis, une ancienne servante, concubine d’Aristote et figure féminine importante pour Pytho (la mère de cette dernière n’étant plus de ce monde); Nicomaque ou Nico, fils d’Aristote et d’Herpyllis; des esclaves, Pyrrahïos, Ambracis et Olympios; des domestiques aussi, tels que Simon et Thalée, etc. La petite liste au début du roman, d’ailleurs très utile, recense 28 personnages.

Plusieurs évènements viendront ponctuer la vie de Pytho, dont la mort d’Alexandre le Grand, le déménagement à Chalcis ainsi que le décès de son père, épisode important du récit. À ce titre, dès que le père de Pythias, Aristote, meurt, on semble complètement tomber dans un autre univers. Le tout étant construit autour de cette relation entre le père et la fille, le lecteur ne retrouve donc plus la même ambiance et le même environnement du début de l’histoire. Il faut avouer que la jeune Pytho change. Bien qu’elle ait toujours été un peu plus dans un monde d’adultes que les autres, elle découvre tout de même de nouvelles sphères de la vie comme la sexualité, les relations humaines et intimes. L’évolution de ce personnage hors du commun est en réalité le fil conducteur du livre. Il est alors essentiel d’être intéressé à suivre son éclosion, ses tourments et défis afin d’être porté par Une jeune fille sage.

L’histoire – narrée par Pytho – se lit assez aisément et les personnages sont intéressants. La personnalité de chacun d’entre eux vient teinter les rapports avec Pythias. Il s’en dégage alors une description bien dosée des diverses relations entre les acteurs du roman. En fait, l’écriture d’Annabel Lyon est très fluide, la preuve en est que chaque phrase, chaque dialogue et chaque description a été travaillée finement. Malgré toutes ces qualités, Une jeune fille sage ne réussit pas à nous captiver, à tenir nos yeux rivés sur les pages. Il faut absolument être emporté, voire fasciné par le cheminement du personnage féminin et de ceux qui l’entourent. Sans quoi, on reste détaché du récit et on ne voit que les qualités esthétiques de l’auteur. En dehors de cette bulle, il s’avère plutôt ardu d’embrasser l’œuvre.

«Une jeune fille sage» (traduit de l’anglais par David Fauquemberg), Annabel Lyon, Alto, 360 pages, 2014, 27,95 $.

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