LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Actes Sud
Yoshitaka et Ayané Mashiba ont toutes les apparences d’un couple épanoui; la preuve c’est qu’ils habitent dans une maison des quartiers huppés de Tokyo et que l’entreprise de Yoshitaka leur assure un coussin financier des plus confortables. Or, au sein du ménage il en va tout autrement, particulièrement au moment où Yoshitaka avoue à sa femme qu’elle doit plier bagage, étant donné qu’elle n’a pas respecté les clauses du contrat qui les unissait depuis leurs vœux de mariage. En réalité, le mari d’Ayané n’a toujours eu qu’une seule chose en tête: avoir des enfants pour fonder une famille, reléguant ainsi le mariage au second plan. Se sachant infertile, Ayané n’a d’autre choix que d’acquiescer à sa demande, puisque Yoshitaka n’a pas l’intention de revenir sur sa décision et qu’en plus le destin est scellé à jamais: il a rencontré une autre femme désormais. L’envie de le voir mourir traverse tel un éclair l’esprit d’Ayané, mais pour éviter le pire, elle décide de faire ses valises et d’aller visiter ses parents à Sapporo, afin de veiller en même temps au chevet de son père malade. Le lendemain, Hiromi Wasataka, l’élève de patchwork d’Ayané Mashiba, découvre Yoshitaka raide mort sur le plancher du salon, une coupe de café renversée près du cadavre. Tout porte à croire que l’homme d’affaires ait été empoisonné, mais qui aurait commis ce crime crapuleux, alors qu’il était supposément seul chez lui?
À l’instar d’auteurs de romans policiers américains tels que Mary Higgins Clark, Kathy Reichs et Micheal Connelly, Keigo Higashino a inventé avec Un café maison un roman astucieux au centre duquel crime parfait et enquête policière vorace s’entrecroisent pour mener à un dénouement ni plus ni moins qu’extraordinaire. L’intrigue est à ce point bien ficelée qu’il est presque impossible de trouver le nom du coupable avant les toutes dernières pages, à moins d’être un lecteur féru de littérature policière et d’avoir un esprit d’analyse quasi irréprochable.
Un café maison n’est pas seulement une œuvre de fiction quelconque; en plus de mettre de l’avant une plume articulée et fort minutieuse, l’auteur y dénonce entre autres la futilité du mariage moderne et la notion d’amour au sein des couples d’aujourd’hui. La question de la femme représentée «comme un bibelot qui n’a qu’un ventre lui servant à procréer» est au centre du drame qui a brisé, tel un miroir cassé en mille miettes, le mariage des Mashiba.
Qui est donc le véritable coupable dans cette histoire? Ayané Mashiba? La maîtresse de Yoshitaka, Hiromi Wasataka? Serait-il possible qu’une tierce personne, par exemple une ancienne conquête, ait désiré la mort du défunt? Tant de questions qui tarauderont votre esprit à la lecture de ce roman divinement intrigant.
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de la rédaction