LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Actes Noirs
Olivier Barde-Cabuçon a ressorti du placard son célèbre commissaire aux morts étranges pour une troisième aventure dans les rues pavées de Paris, dans le but évident de le plonger à nouveau en plein cœur d’une enquête où son protagoniste, aux côtés de son père, le moine, jouera au chat et à la souris avec de potentiels suspects. Car c’est bien de cela qu’il s’agit avec l’auteur lyonnais et signataire des thrillers Casanova et la femme sans visage et Messe noire: une chasse aux brigands où tout le monde est louche, y compris les figures d’autorité telles que le lieutenant de police Sartine et le commissaire Choiseul. Finalement, comme à l’Anglaise, le lecteur devra s’armer de patience, car les masques ne tomberont qu’à la tombée du rideau!
Le chevalier de Volnay s’est, depuis les sombres évènements l’ayant plongé en plein cœur d’une messe satanique, épris d’une ex-prostituée, qu’il surnomme affectueusement l’Écureuil, mais avec laquelle il entretient une relation distante, la faute lui revenant entièrement, lui qui n’a d’yeux que pour ses enquêtes. Appelé en renfort le soir où le roi a commandé des feux d’artifice pour son bon peuple, le commissaire aux morts étranges devra faire la lumière sur trois meurtres, selon toute apparence, signés de la même main vengeresse. Le tueur semble avoir répété le même modus operandi, c’est-à-dire qu’il a égorgé ses victimes avant de leur arracher la langue. Le pourquoi du comment reste bien sûr à déterminer, mais entre les mains de Volnay, nul doute que le lecteur est entre de bonnes mains.
Si l’on se souvient bien, Agatha Christie, surnommée la Reine du crime, avait cette fâcheuse habitude de révéler l’identité de ses assassins seulement qu’à la toute dernière page, préférant laisser son lecteur dans le flou. Olivier Barde-Cabuçon, lui non plus, ne révèle rien à l’avance, favorisant une lente progression de l’enquête au profit d’une conclusion où tout le suspense est condensé à l’intérieur d’une vingtaine de pages. Loin de là le désir de connaître l’identité de l’assassin dès le départ, truc à la mode du côté des écrivains de polars asiatiques tel que Keigo Higashino, mais l’auteur aurait gagné à mieux distiller son suspense, ou à disséminer plus d’indices à travers son récit, car la progression de l’enquête est beaucoup trop lente en comparaison de la finale, et la révélation finale nous laisse pantois, comme si le protagoniste en savait plus que… le lecteur!
Toujours habile à reconstituer les décors d’une société ayant depuis le XVIIIe siècle grandement évolué, avec des dialogues hyper fidèles à l’époque, il est à croire que Barde-Cabuçon a vécu à Paris dans une autre vie, mais le plus probable reste qu’il s’est bien imprégné de récits de l’époque pour demeurer le plus fidèle possible aux faits. De la fête des Fous aux convulsionnaires, des mouches aux émissaires du roi Louis XV, il est facile de plonger au cœur des quartiers populaires de la Ville lumière sous sa plume, mais soyez attentifs pour ne laisser passer aucun indice!
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de la rédaction