LittératureRomans étrangers
Crédit photo : Albin Michel
Bernard Werber, écrivain français reconnu internationalement pour sa trilogie des Fourmis et dont les romans ont été traduits dans une trentaine de langues, a repris du poil de la bête depuis Le père du Cyclope (2010), œuvre qui parachevait le triptyque débuté avec Le Père de nos pères (1998) et L’ultime secret (2001). Cette fois-ci, Werber nous présente David Wells, descendant d’Edmond Wells, illustre homme de science et auteur de l’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu (tomes I à VII), un jeune héritier ayant hérité de la passion des sciences transmises de génération en génération. Afin de poursuivre les avancées scientifiques des Wells, David a écrit un mémoire duquel il espère avoir le soutien financier de l’Université de la Sorbonne de Paris et qui a pour titre: «Projet pygmées: l’évolution par le rapetissement».
Selon lui, tout va en se miniaturisant et c’est la raison pour laquelle il veut se rendre en République démocratique du Congo pour analyser le sang des pygmées, ces êtres dits «arriérés» qui, d’après lui, serait au contraire les humains du futur. Aidé conjointement par le docteur Aurore Kammerer, laquelle prône l’influence des hormones féminines dans le renforcement du système immunitaire, et les services secrets de l’État, les deux scientifiques se lanceront tête première dans un projet scientifique fou: concevoir des humains miniatures d’une taille de 1,70 mètre. Y arriveront-ils? Et dans quel but?
Troisième humanité est le premier tome d’une nouvelle série dont Bernard Werber vient d’assurer le coup d’envoi avec l’annonce officielle, à la toute fin du livre, d’un tome deux à venir prochainement. S’attaquant à un sujet de taille, comme toujours!, l’auteur puise cette fois-ci dans ses recherches sur nos ancêtres (Le Père de nos pères) et les voyages astraux (Les Thanatonautes, L’empire des anges) afin de bâtir un récit en apparence réaliste où le roman d’aventures croise la science-fiction et l’érudition pure. Même si plusieurs scientifiques ont souvent reproché à Bernard Werber de mettre sur papier certaines théories non fondées à travers les pages de ses romans, force est d’admettre que la réputation de l’écrivain français s’est construite et concrétisée grâce à ses recherches et à son pouvoir de persuasion qui n’ont de cesse de nous transporter dans des univers et des dimensions dont l’origine et le mystère perdurent toujours de nos jours (l’âme, les voyages astraux, la vie après la mort, etc.).
Avec Troisième humanité, Werber ne réinvente pas le genre qu’il a initialisé en 1991 avec son roman Les fourmis, et ne renforce pas la folle vraisemblance des Thanatonautes, par contre, avec ce premier chapitre, il réussit à nous captiver jusqu’à la dernière page, tellement les péripéties s’enchaînent à la vitesse d’un jeu de dominos. Le tour de force de l’auteur est en effet d’entretenir plusieurs points de vue narratifs en même temps, en plus de mettre de l’avant un personnage-objet qui n’a jamais tenu la parole jusqu’à présent: la Terre, communément appelée Gaïa. Dans cette histoire, Gaïa tient un rôle prédominant sur l’évolution du récit et elle s’entretient d’ailleurs par intermittence avec le lecteur, en lui avouant sans censure son opinion sur l’espèce humaine, dont elle désapprouve la majorité des actions en ce monde. Quelle idée de génie de faire parler notre planète qui a tant souffert de nos décisions et de nos désastres!
Pour en apprendre davantage sur l’espèce humaine, son évolution dans le temps et dans l’avenir, venez découvrir avec Bernard Werber et ses nouveaux aventuriers ce qui nous attend dans… dix ans!
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de la rédaction