LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Actes Noirs
Il faut avouer d’entrée de jeu que les écrivains Jerker Eriksson et Hakan Axlander Sundaquist ont réussi à balayer d’un coup agile les inquiétudes soulevées par le lecteur dans Persona, le premier tome de cette trilogie noire en devenir, vu la prémisse d’une enquête policière qui ne récoltait pas grand-chose, sinon des indices rassemblés au compte-goutte. Or, dans ce second volet mieux ficelé, où les révélations battent leur plein et titillent la curiosité du lecteur, l’inspectrice Jeanette Kihlberg fait preuve d’entêtement et de persévérance à fouiller le sombre passé de Victoria Bergman, laquelle fut agressée sexuellement par son défunt père de 0 à 14 ans avant d’avoir pu bénéficier d’une identité protégée en 1988 par le tribunal de Nacka.
Nageant en eaux troubles, le lecteur suit donc à distance, dans la peau d’un témoin impuissant devant les imprévus, les nombreuses péripéties qui pimentent le récit. De plus, le lien fort, voire magnétique qui avait uni les protagonistes Jeanette Kihlberg et Sofia Zetterlund dans le premier volet se resserre davantage, leur relation se complexifiant, mais le caractère du personnage de la psychothérapeute est toujours aussi flou et ambigu qu’il l’était auparavant. On sent que les écrivains ne jouent pas tout à fait cartes sur table avec leur lecteur, préférant le laisser dans un univers aux contours imprécis plutôt que lui donner l’accès à la vérité, qu’il va mériter très certainement dans le troisième et dernier volet, en magasin le 7 mai prochain.
Ici, on nous présente un portrait un peu plus exhaustif des évènements ayant empêché Victoria Bergman de se développer sainement comme femme, et plusieurs noms de coupables potentiels (que l’on préfère taire pour le moment!) vont ressurgir des interrogatoires de la police de Stockholm. Bien entendu, comme le titre le laisse présager, on comprend davantage les causes du traumatisme, ainsi que le motif ayant poussé le coupable à faire preuve d’autant de perfidie à l’égard d’une enfant. Ici, Eriksson et Sundaquist ont réalisé un travail de maître au niveau de la psyché humaine et de l’apprentissage du jargon médical.
Jeanette Kihlberg, non sans l’aide précieuse de ses collègues Jens Hurtig et Ivo Andric, va donc tenter de déterrer les restes d’un passé nébuleux à la recherche du noyau qui va enfin lui permettre de jeter l’éponge sur une série de disparitions et de meurtres sordides. Sofia Zetterlund, pour sa part, va prêter l’oreille à de jeunes femmes adultes qui ont connu une enfance aussi violente que celle de Victoria Bergman. En effet, Ulrika Wendin et Linnea Lundström ont été abusées sexuellement et tout porte à croire que leurs agresseurs soient liés à l’enquête menée par Jeanette Kihlberg.
Donc, qu’est devenue Victoria Bergman? Quel est le lien entre cette dernière et les victimes Ulrika et Linnea? Ces histoires seraient-elles toutes liées entre elles? À suivre le 7 mai prochain.
«Trauma – Les visages de Victoria Bergman 2» d’Erik Axl Sund, Actes Sud, collection Actes Noirs, 473 pages, 34,95 $.
*Lisez notre critique du tome 1 juste ici: labibleurbaine.com/persona-les-visages-de-victoria-bergman-1.
L'avis
de la rédaction