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Crédit photo : Triptyque
En plus d’être essayiste, scénariste, poète et nouvelliste, Pierre-Yves Pépin est de la trempe d’un aventurier. Géographe et explorateur, il a longuement parcouru le monde, sur terre et sur mer, d’un continent à l’autre. Quand on lit ses nouvelles, on imagine que ses voyages ont fourni de la matière, au moins géographique, à ses récits!
Espions, mercenaires, truands, marins, soldats, aventuriers, voyageurs ou enfants imprudents peuplent les pages de Ticket pour l’éternité. L’écrivain s’ingénie à les placer dans des situations dangereuses qui ménagent le suspense. Il brouille habilement les pistes, et la chute n’est jamais celle que nous avions imaginée. Elle découle le plus souvent des décisions que prennent les personnages, mais la fatalité est aussi au rendez-vous.
Pierre-Yves Pépin nous fait voyager sur tous les continents et parfois nous remontons le temps. Ces changements de cadre donnent une dimension intemporelle aux histoires. Dans un style rapide, très imagé et avec un grand souci du détail, l’écrivain plante le décor de façon quasi-cinématographique. Le récit à la troisième personne est neutre et distancié, même pour décrire un drame. L’humour noir est très présent, particulièrement dans la première nouvelle, «Ticket pour l’éternité».
En lisant ce recueil, on ne peut s’empêcher de penser à la philosophie de l’absurde de l’auteur de L’Étranger, Albert Camus. Cette vision de la vie dénuée de sens nous semble bien illustrée par les nouvelles «La promenade», «Le filet», «La dame de Hong Kong» et «Un convoi en moins». Selon Camus, se révolter serait la seule façon de surmonter l’absurdité. En s’engageant à bras le corps dans la vie, malgré la certitude de la mort. La nouvelle «La relique du temple» met en lumière cet engagement personnel qui exprime notre liberté.
On ne s’ennuie jamais dans Ticket pour l’éternité. Pierre-Yves Pépin nous offre des histoires menées à tambour battant qu’il faut néanmoins prendre le temps de savourer, car ces nouvelles proposent plus de matière à réflexion que de simples récits d’aventures. De plus, le plaisir est renouvelé lors d’une seconde lecture, si l’on veut jouer au détective pour trouver les indices distillés tout au long du texte et qui servent à préparer la chute. Ce très bon recueil démontre la grande maîtrise de la narration de l’écrivain et procure une forte expérience de lecture.
«Ticket pour l’éternité» de Pierre-Yves Pépin, Les Éditions Triptyque, 2013, 100 pages, 18,00 $
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de la rédaction