«Sur la ligne de feu», carnet de route du journaliste Jean-François Lépine – Bible urbaine

LittératureBiographies

«Sur la ligne de feu», carnet de route du journaliste Jean-François Lépine

«Sur la ligne de feu», carnet de route du journaliste Jean-François Lépine

Les aventures du Tintin de Montréal

Publié le 26 janvier 2015 par Ariane Thibault-Vanasse

Crédit photo : Libre Expression

Les évènements tragiques de Paris de la dernière semaine confirment une fois de plus que lorsque l'on s'attaque à une salle de rédaction, l'on s'attaque aux fondations d'une société. Le métier de journaliste n'est pas de tout repos. Critiqués et abhorrés par certains, mais souvent plus louangés et respectés par d'autres qui ont à coeur la démocratie, les reporters se battent chaque jour pour dénicher des histoires qui éveilleront les conscience sur l'actualité du monde. Laissant parfois famille et patrie pour travailler aux quatre coins de la planète. Dans son livre Sur la ligne de feu, le journaliste Jean-François Lépine relate son parcours alors qu'il occupait la fonction de correspondant à l'étranger pour Radio-Canada. Une excursion extraordinaire aux premières loges de l'actualité internationale des dernières années.

L’authenticité qui se dégage du livre de Jean-François Lépine est désarmante. Dès les premières pages, le suicide de son grand frère qu’il évoque à coeur ouvert dresse la table pour l’histoire incroyable qu’il s’apprête à raconter. Qu’il ait décidé de partager ce pan de sa vie d’une grande tristesse vient sceller en quelque sorte le pacte que le journaliste fait avec son lectorat: il livrera les dessous de son métier avec la même authenticité et générosité. Pour rappeler en quelque sorte l’importance de la vie et de réaliser ses rêves. Il a été chanceux et il le reconnaît avec une profonde gratitude. Engagé très jeune à la Maison de Radio-Canada comme journaliste, il fera le tour du monde et assistera aux grands évènements qui auront forgé les XXe et XXIe siècles.

Les voyages de Jean-François Lépine sont dignes des meilleures aventures de Tintin. À défaut que celles du correspondant montréalais sont d’écho avec les évènements ayant forgé l’actualité. Le récit de sa mission en Asie évoque le choc des cultures entre l’Occident et ce pays longtemps (et encore aujourd’hui) méfiant des étrangers. La plume rigoureuse et concise de celui qui se considère encore radio-canadien dans l’âme évoque avec beaucoup de précision les odeurs, les textures et les gens de la contrée de Mao, le tout pour meubler l’ambiance. Protagoniste à part entière de la transformation de la Chine.

Par le biais de ces traducteurs et de ses «fixers» (locaux aidant les journalistes à trouver sources et matériel requis pour les reportages), Jean-François Lépine a réussi à produire des topos et des images poignants et qui ont fait l’envie des grands réseaux de télévision. L’on pense notamment à sa présentation à la caméra submergé jusqu’à la taille dans une rivière en compagnie des khmers rouges en 1984, au Cambodge. Doté d’une débrouillardise hors norme, le reporter n’a presque jamais eu froid aux yeux comme il l’explique souvent dans un ton non pas prétentieux, mais empreint de beaucoup de fierté pour le travail accompli et pour son équipe. Sans elle d’ailleurs, ses reportages auraient été très maigres de contenu, voire même, quasi inexistant. Sur la ligne de feu rend aussi hommage à tous les gens l’entourant dans ses missions, qui avaient le même désir de rendre compte d’une histoire dans des pays souvent oubliés du reste du monde.

Jean-François Lépine s’inscrit dans la lignée de ces journalistes qui ont véritablement eu un impact sur la manière de pratiquer le métier. À l’instar de Pierre Nadeau, il a effectué un travail de terrain exemplaire dans le respect des us et coutumes des pays visités. Des pays qu’il affectionne encore et pour lesquels il éprouve un grand amour malgré les horreurs survenues. Un amour et un respect pour ces peuples qui lui ont montré une leçon de résilience et d’humanité qu’il a mis en pratique dans ses topos. Sur la ligne de feu n’est rien de moins qu’un pied de nez à la mort et au cynisme ambiant. 

L'avis


de la rédaction

Vos commentaires

Revenir au début