«Sous le ciel» de Guy Gavriel Kay – Bible urbaine

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«Sous le ciel» de Guy Gavriel Kay

«Sous le ciel» de Guy Gavriel Kay

Honneur et trahisons sous le ciel de la Neuvième Dynastie

Publié le 4 janvier 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : Alire

Les amateurs de récits fantastiques et historiques seront heureux d’apprendre que Ken Follett (Les piliers de la terre, 1989) et J. R. R. Tolkien (Le seigneur des anneaux, 1954-1955) ne sont pas les uniques maîtres du genre. Parmi ces derniers se trouve un écrivain canadien qui a eu l’opportunité de participer à la rédaction du Silmarillion (1977) de Tolkien, en compagnie de Christopher, le fils de ce dernier, avant de publier maints romans sous son nom et de devenir un véritable spécialiste de fantasy historique, à savoir Guy Gavriel Kay.

Shen Tai, deuxième fils du Général Shen Gao, lequel était à la tête de l’empire jusqu’à tout récemment, doit par devoir consacrer deux ans de sa vie pour honorer la mémoire de son défunt père, mort au combat. C’est dans les règles de l’art, donc, que Tai vit tel un reclus au cœur des montagnes serpentant le lac Kuala Nor, non loin à l’ouest de la cité impériale et de l’empire de la Kitai. Ayant pour seule compagnie les complaintes des fantômes rôdant autour de sa cabane isolée, Shen Tai doit bien malgré lui endurer les voix des soldats morts au combat qui rôdent tels des âmes en peine là où la violence a fait ses ravages. S’il veut honorer la mémoire de son père, Shen Tai devra enterrer les os des combattants, tâche qu’il s’efforcera d’accomplir vaillamment. Un jour, Bytsan Sri Nespo, un émissaire de l’empire Tagur, et ses soldats Gnam et Adar, viennent annoncer une terrible nouvelle qui bouleversera Tai au plus haut point. Mais, pire encore, la clé de l’énigme repose désormais entre les mains de son vieil ami et étudiant Chou Yan, assassiné sauvagement dans sa cabane quelques minutes plus tôt par une soldate kanlin, qui avait été scrupuleusement payée pour sceller le secret à jamais. Qui veut du mal à Shen Tai? Où est donc passé son frère aîné Shen Liu ou sa sœur Shen Li-Mei? Shen Tai, plongé dans l’ignorance et l’angoisse, n’est décidément pas arrivé au bout de ses peines.

La principale qualité d’un auteur tel que Guy Gavriel Kay n’est pas seulement celle d’avoir une imagination féconde, car pour imaginer un univers fantastique aussi réaliste que celui-ci, il faut certes être pourvu d’un canevas fort convaincant, mais bien celle de dresser des portraits de personnages solides et des péripéties qui tiendront le lecteur en haleine, tout en lui permettant d’entrer en toute quiétude dans un univers différent du sien. Si l’auteur a bien évidemment réussi son défi haut la main, il faut toutefois avouer que la longueur de l’ouvrage, qui fait plus de 630 pages, et la lenteur des péripéties, alourdissent la lecture du roman, qui aurait gagné à offrir davantage d’action plus éclatante et condensée. Par contre, ce qui est bien avec Guy Gavriel Kay, c’est qu’il démarre à tombeau ouvert avec une nouvelle qui va bouleverser son protagoniste et titiller du coup la curiosité de son lecteur, un peu comme l’a été Joseph K dans Le procès de Kafka. Alors que ce dernier apprenait en plein milieu de la nuit qu’il était arrêté pour un crime qu’il n’avait selon toute apparence pas commis, Shen Tai apprend pour sa part qu’il est recherché par les plus hautes instances de la cour alors qu’il vit comme un reclus au beau milieu des montagnes. Aussi, la quête parallèle de la sœur de Shen Tai, Shen Li-Mei, qui a été enlevée par Meshag, le fils aîné d’Hurok, apporte une seconde dimension intéressante à l’histoire, plus réaliste que fantastique, laquelle nous permet de décrocher un peu du sort du protagoniste afin de nous concentrer sur une autre quête qui comporte elle aussi sa part de dangers.

Si vous aimez les récits fantastiques, assaisonnés d’une multitude de personnages (un peu plus de 40) et de trahisons qui rappellent l’excellent roman Les piliers de la terre, vous aimerez assurément la plume convaincante de Guy Gavriel Kay, qui n’a décidément pas fini de nous surprendre. Cependant, armez-vous d’une patience à toute épreuve, car il n’est pas impossible que vous succombiez au découragement à mi-chemin.

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