«Scène de crime virtuelle» de Peter May – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«Scène de crime virtuelle» de Peter May

«Scène de crime virtuelle» de Peter May

Un thriller policier absorbant mais ponctué d’invraisemblances

Publié le 17 décembre 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : Actes Sud

Hanté par le décès de son épouse Mora, le photographe pour la police judiciaire de Californie Michael Kapinsky se morfond plus que jamais dans la solitude et le désarroi. Secoué, peiné et surtout criblé de dettes, Mike oscille entre l’équilibre précaire que lui offre sa thérapie et les menaces proférées par sa banque et son agente immobilière. Un jour, une solution à tous ses problèmes s’offrira et il n’aura pas d’autre choix que de l’accepter illico presto.

À court d’argent et dans l’impossibilité de poursuivre sa thérapie, Michael Kapinsky se verra offrir par sa psychologue Angela une alternative gratuite qui lui permettra de poursuivre ses séances dans le confort de sa résidence de Newport Beach. En effet, celle-ci conduit des sessions de groupe par le biais du logiciel 3D Second Life et lui offre la chance de rejoindre un univers virtuel habité par plus de quatorze millions d’utilisateurs qui ont tous créé, à un moment ou l’autre de leur vie, un avatar servant à répondre aux besoins et désirs qu’ils sont incapables d’assouvir dans la vie réelle. Littéralement, c’est une seconde vie, une seconde chance. Toutefois, Michael n’aurait jamais imaginé à quel point cette nouvelle aventure allait avoir de fâcheuses répercussions sur sa propre vie.

Avec ce thriller policier avant-gardiste et nouveau genre, l’écrivain écossais Peter May offre à ses lecteurs un cadre singulier qui n’a que très rarement été exploité dans la littérature policère jusqu’à présent. Outre Maurice Gourian et Neal Stephenson, qui ont tous deux fait quelques allusions au jeu et réseau social fondé en 2003 par la compagnie Linden Lab, May demeure l’un des plus dégourdis dans le domaine. D’entrée de jeu, un lexique avec une vingtaine d’expressions issues de Second Life nous permet de nous immerger un peu plus avec l’émissaire de Michael, qui deviendra le détective Chas Chesnokov et qui découvrira en même temps que nous la signification des termes «IM»,  «TP», «MDR», «Poseball» et «Sims» qui sont couramment employés par les internautes.

Alternant donc entre vie réelle et vie virtuelle, Peter May met de l’avant un récit efficace qui se laisse par contre un peu trop aller au jeu des invraisemblances. L’auteur, jonglant constamment avec l’idée que le temps s’écoule au compte-goutte derrière un écran, perd un peu de crédibilité face à nos yeux en débitant un flot de revirements qui demeurent toujours tirés par les cheveux. Dans de sérieux beaux draps, Michael Kapinsky n’aura que vingt-quatre heures pour retrouver les supposément trois millions de dollars et quelques qu’il doit à la mafia, sans quoi il sera tué séance tenante. Il devra en plus subir les contrecoups du monde virtuel de Second Life qui lui en fera vivre de toutes les couleurs, en plus d’être dans la ligne de tir de tueurs à gages dans la vraie vie.

Porté par une plume qui esquisse bien les décors et les ambiances, Peter May signe ici un bon thriller innovateur, mais les multiples rebondissements mènent à un coup de théâtre qui n’en finit plus de rebondir dans tous les sens au cours des trente dernières pages, nous laissant avec un goût mi-amer en bouche.

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