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Sauvage, baby: un pas vers une nouvelle vie
Sauvage, baby raconte l’histoire de Sam, un ancien opérateur des Forces spéciales, qui refait sa vie dans les Cantons-de-l’Est. Il travaille à l’Académie Shōri, le centre d’arts martiaux mixtes et de boxe professionnelle, inauguré par son frère Danny. Il l’accompagne d’ailleurs lors des entraînements de Rose, l’amoureuse de celui-ci. Parmi ses nouveaux projets, Sam tente de rattraper le temps perdu avec sa fille Clara vivant désormais à Vancouver.
Un matin, la rencontre inattendue d’Alexia, une jeune femme trans, viendra bouleverser son quotidien. Alarmé par sa détresse évidente, il se jette à son secours:
«Elle était là, debout au milieu de la route, enveloppée de brume, auréolée par la lumière blanche du matin. Désarticulée. Une poupée sanguinolente.»
Il apprend qu’elle s’échappait de son pimp, un être violent lui faisant vivre l’enfer depuis trop longtemps. C’est à ce moment qu’il se jura de l’aider à s’en sortir, sans savoir dans quoi il s’embarquait.
Ce roman saisissant vous fera vivre toutes sortes d’émotions, tant dans les extraits plus calmes qu’en plein feu de l’action.
Les Chiens: l’adrénaline comme carburant
L’histoire de ce deuxième roman prend place deux ans plus tard. Sam et Alexia sont devenus très proches et leur vie devient enfin plus calme et sans ennemis. Du moins, c’est ce qu’ils croyaient jusqu’à ce que Gabriel et sa nièce Laëtitia Kowalski, des fantômes d’une guerre passée, reviennent hanter Sam.
Une vieille histoire des Forces spéciales s’étant déroulée en Afghanistan une dizaine d’années plus tôt refait ainsi surface. Les Kowalski préparent un plan pour venger la mort d’un de leurs alliés. Ils ont non seulement Sam dans leur mire, mais aussi ses proches, qui passeront un mauvais quart d’heure.
L’une des grandes forces de ce roman est assurément la saisissante authenticité des personnages. Bien que le narrateur soit omniscient, les pensées et les sentiments de chacun sont si détaillés et vrais que l’on a parfois l’impression de les connaître ou d’être à leur place. Décrits avec réalisme, leur anxiété palpable et leurs épisodes post-traumatiques deviennent presque une entité en soi, comme dans l’extrait suivant:
«Elle courait vers lui, inaccessible. Il aurait voulu lui tendre les bras, la protéger. Il hurla à nouveau, impuissant. Il vit son regard, la panique qui l’habitait. Il vit son corps pulvérisé par l’impact. Ce fut la dernière chose.»
Par ailleurs, l’histoire demeure dans l’action du début à la fin. Ainsi, chaque information est importante à l’intrigue et aucune longueur n’interrompt le rythme.
Entre le bien et le mal
Ces deux romans se démarquent par toutes les émotions paradoxales qu’ils peuvent nous faire vivre. Patrice Godin a un talent incontestable pour créer un sentiment d’ambivalence chez ses lecteurs, en leur faisant aimer des personnages sombres au point où l’on accepte leurs gestes, parfois terribles. Ou encore, il peut nous faire aimer et détester un même personnage à la fois.
En outre, la plupart des personnages de ces romans vivent avec une angoisse insoutenable ainsi qu’avec de vieux démons qui les tourmentent et qui les motivent à se dépasser. Il est si impressionnant de voir leur évolution psychologique, étant donné les évènements tragiques qu’ils ont vécus, pour ensuite devenir des combattants aux forces inépuisables. Sans cesse sur le qui-vive, ils donneront le meilleur d’eux-mêmes, mais succomberont-ils à la noirceur? À vous de le découvrir!
Autant le suspense vous fera tourner les pages rapidement, autant le dénouement vous fera réfléchir, et ce, bien après avoir refermé le dernier livre.
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L'avis
de la rédaction