«Sans différends, point d’harmonie: repenser la criminalité en Nouvelle-France» de Josianne Paul: un mélange entre criminologie, droit et histoire – Bible urbaine

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«Sans différends, point d’harmonie: repenser la criminalité en Nouvelle-France» de Josianne Paul: un mélange entre criminologie, droit et histoire

«Sans différends, point d’harmonie: repenser la criminalité en Nouvelle-France» de Josianne Paul: un mélange entre criminologie, droit et histoire

Publié le 8 mai 2012 par Evelyne Ferron

Josianne Paul, docteure en histoire de l’Université d’Ottawa depuis 2011, publie ici un ouvrage historique tiré de ses recherches doctorales, dont l’originalité réside dans une approche pluridisciplinaire alliant criminologie et histoire. L’historienne a plus précisément cherché à comprendre comment les habitants de Montréal aux XVIIe et XVIIIe siècles, de même que l’administration coloniale de l’époque, parvenaient à gérer les situations conflictuelles, voire parfois les crimes, dans le contexte de la Nouvelle-France.

«Comme les archives judiciaires et notariales forment le matériel de base pour toute étude portant sur le crime et la criminalité et qu’elles sont le produit de décisions prises par des institutions ou correspondent à des formes prescrites par celles-ci, à la lecture de ces documents il est parfois difficile de faire une distinction entre la volonté de l’État de policer la société et l’objectif personnel recherché par le justiciable y ayant recours.»

Correspondant tout à fait à cette nouvelle façon de faire l’histoire en croisant les disciplines des sciences humaines, cet ouvrage nous présente la société de la Nouvelle-France sous un angle rarement abordé: celui du droit, de la justice et de toutes ces zones d’ombre existant dans ces domaines qui visent à réglementer une société pour que cette dernière vive en harmonie. L’ouvrage est divisé de façon très standard, soit en chapitres thématiques permettant de suivre la réflexion historique et juridique tant en regard du droit privé que du droit public. Le premier chapitre, intitulé: «Entre histoire et criminologie: une nouvelle approche pour comprendre le crime», permet au lecteur de comprendre la démarche et la réflexion derrière cet ouvrage, dont l’originalité scientifique tient dans ce mélange des disciplines que sont la criminologie, l’histoire, mais indirectement aussi le droit et la politique.

Basé sur une documentation de première main qui consiste surtout en des actes notariés et des dossiers judiciaires, ce livre permet tout d’abord de comprendre la démarche historienne nécessaire à la consolidation du discours historique, pour ensuite nous éclairer sur le quotidien montréalais dans le contexte colonial, en mettant en évidence la nécessité de réglementer et de juger les personnes pouvant contribuer à un certain déséquilibre social. Les questions d’honneur familial, d’honneur féminin, de gestion des biens communs ou de rassemblements publics sont mises en évidence dans un premier temps, pour ensuite nous démontrer comment l’État mettait en place des mesures pour régler ce type de situations-problèmes d’ordre privé.

La deuxième partie du livre permet cette fois-ci de voir les questions de droit public, beaucoup plus complexes puisque la Nouvelle-France relevait avant tout de l’autorité royale. Dans ce cas-ci, ce sont les plaintes, les jugements et les sentences appliquées ou applicables qui sont abordées, illustrant du même fait certaines limites de la justice coloniale.

De par son approche originale et ses thématiques peu communes en histoire nord-américaine, cet ouvrage historique est particulièrement intéressant. Le ton, le style d’écriture et l’organisation globale du livre sont par contre demeurés très scolaires, ce qui rend le texte beaucoup moins accessible au grand public. Chaque chapitre nous rappelle indéniablement que nous lisons l’édition d’une thèse de doctorat, ce qui n’est pas un défaut en soi, mais qui nuit néanmoins à une transmission «plaisante» des connaissances. Dans un même ordre d’idées, l’ouvrage d’André Lachance, «Délinquants, juges et bourreaux en Nouvelle-France», paru en 2011, parvient davantage à vulgariser un sujet qui peut incontestablement être aride de par sa nature juridique et légale.

Il s’agit finalement d’un livre destiné à un public intéressé par l’histoire de la Nouvelle-France et qui en connaît par conséquent la trame chronologique et les bases événementielles. Si vous commencez à peine à vous plonger dans l’histoire nord-américaine, il se peut que vous trouviez la lecture de ce livre quelque peu lourde et complexe.

Appréciation: ***

Crédit photo: www.septentrion.qc.ca

Écrit par: Evelyne Ferron

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