«Sacrée famille» de David Safier

Après une rencontre fructueuse avec Stephenie Meyer, l’auteure de la célèbre série Twilight, qui était de passage à Berlin pour une séance de dédicaces, rien ne va plus pour la famille Wünschmann. En effet, Emma, femme mariée et mère de deux adolescents, Fée et Max, comptait sur cette rencontre avec Mme Meyer pour rehausser le chiffre d’affaires de sa librairie en réelle chute libre depuis plusieurs mois, afin d’éviter la faillite et d’empirer ses problèmes conjugaux. En réalité, le problème d’Emma, c’est qu’elle n’est pas totalement heureuse dans son ménage avec Frank, qui est devenu, avec le temps, un vrai paquet de nerf dû au stress de son travail. Certes, ses flatulences nocturnes demandent un taux de compréhension assez élevé de la part d’Emma, mais sa personnalité aimante et calme vient compenser ses légers problèmes intestinaux.

Un jour, alors que rien ne va plus dans la voiture des Wünschmann, Baba Yaga, une vieille gitane à l’allure sordide et défraîchie d’une sorcière, jette un sort à Emma, Frank, Fée et Max, les transformant ainsi en vampire, en Frankenstein, en momie et en loup-garou. Ayant toute les difficultés du monde à accepter leurs nouveaux corps et leurs nouveaux pouvoirs – on est bien placé pour les comprendre! – la famille Wünschmann décide sur un coup de tête d’aller à la chasse à la sorcière afin de briser le sort que la vieille Baba Yaga leur a jeté. Leur expédition sera parsemée d’embûches et les mènera jusqu’en Transylvanie, berceau de la Roumanie, où ils rencontreront Vlad Tepes en personne, lequel est mieux connu sous le pseudonyme Dracula. Réussiront-ils à redevenir les humains «normaux» qu’ils étaient? Pour ce faire, la famille Wünschmann devra tout faire pour retrouver la clé du bonheur et prouver à Baba Yaga, avant qu’elle ne décède, qu’ils sont capables de vivre heureux tous ensemble.

À l’instar de ses trois romans précédents, David Safier réitère avec la comédie pour nous offrir un nouveau roman ludique et amusant rempli de péripéties toutes plus exagérées les unes que les autres. La seule innovation se retrouve au niveau de la trame narrative, puisque chacun, y compris les personnages secondaires, y prennent la parole à tour de rôle, ce qui nous offre un point de vue privilégié en tant que lecteur, mais aussi le plaisir de partager les arrière-pensées de ces personnes pour le moins loufoques.

Dans l’univers du scénariste allemand, le sens de la commune mesure n’existe pas, c’est la raison pour laquelle tout peut arriver à ses personnages, et ce, sans exception. Sans être aussi drôle que Maudit karma ou Jésus m’aime, dont plusieurs répliques peuvent franchement vous faire éclater de rire en public, Sacrée famille demeure un récit rafraîchissant qui vous fera passer de bons moments en présence des excentriques Wünschmann, et peut-être aussi qu’il vous fera réfléchir sur le sens du bonheur. Sait-on jamais!