«Rouge sur rouge» d’Edward Conlon – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«Rouge sur rouge» d’Edward Conlon

«Rouge sur rouge» d’Edward Conlon

Infiltrer le NYPD comme témoin-voyeur

Publié le 1 juillet 2014 par Éric Dumais

Crédit photo : Actes Noirs

Après avoir passé seize ans dans les rangs du NYPD et avoir démissionné pour goûter au plaisir de l’écriture plutôt qu’à une vie de risques, l’écrivain new-yorkais Edward Conlon livre, avec Rouge sur rouge, un premier roman sous la bannière du thriller policier réaliste. À son actif, il a fait paraître, en 2004, un livre inédit en français intitulé Blue Blood, au sein duquel il raconte ses années dans la police. Vraisemblablement alimenté par une soif de confidences et de dénonciations, l’écriture étant un exutoire pour lui, Conlon invite son lecteur à infiltrer une réalité qui est loin d’être rose.

L’inspecteur Nick Meehan et son acolyte, le dur à cuire et imprévisible Esposito, arrivent sur les lieux d’un meurtre s’étant produit dans un parc, à Manhattan. Une jeune femme d’origine mexicaine est retrouvée pendue à un arbre, son corps inerte se balançant sinistrement au bout d’une corde. Au même moment, un homme se promenant dans les environs est rapidement interpellé par les deux policiers, mais celui-ci se défend en leur assurant qu’il y promenait son chien, mais que ce dernier s’est sauvé quelques secondes avant leur arrivée. Bien évidemment, il sera appréhendé et interrogé, mais Meehan et Esposito n’auraient jamais pu penser que la découverte d’un macchabée allait entraîner une enquête à deux niveaux aussi complexe. Entre les guerres de gangs de rue, les viols en série, les réseaux de drogues et d’immigrés illégaux, les deux inspecteurs devront jouer des pieds et des mains pour jeter la lumière sur une affaire qui comporte son lot de dangers et de surprises. La routine du NYPD, quoi!

Là où Edward Conlon brille de mille feux, c’est dans l’organisation complexe des péripéties, qui s’échelonnent sur près de 600 pages, prises dans la lenteur d’un récit qui multiplie les descriptions et la routine avec moults rebondissements des inspecteurs du NYPD. Il faut bien sûr s’armer de patience et se laisser entraîner, au compte-goutte, dans cet univers périlleux que l’auteur semble connaître du fond de sa poche. Rien n’est laissé au hasard dans ce récit et le lecteur est invité à fouiller les personnalités des deux personnages, antihéros sur les bords, lesquels vont vivre une relation ambivalente jusqu’à la toute fin. Rouge sur rouge, ce n’est pas seulement un roman à rebondissements et à coups de théâtre, c’est surtout une longue traversée dans la vie de deux protagonistes qui sont des humains avant tout et qui devront surmonter des épreuves personnelles, et professionnelles. D’où le réalisme vibrant qui parcourt l’histoire d’un bout à l’autre.

Certes, l’enquête évolue lentement, on aurait davantage préféré des péripéties plutôt que des questionnements personnels, mais Edward Conlon désirait dépeindre ses années au sein du NYPD et, uniquement pour cela, il a réussi son défi haut la main.

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