LittératurePoésie et essais
Crédit photo : Québec Amérique
D’entrée de jeu, le défaut majeur est que, bien qu’il s’agisse d’un essai d’histoire intellectuelle et de pensée politique, il demeure un peu trop difficile d’accès pour qui ne provient pas du milieu de recherche académique. Guy Laforest utilise souvent des termes clairs dans le cadre de sa recherche, mais abstraits pour le lecteur moyen. Il faut donc savoir dans quel bateau l’on s’embarque avec ce livre, mais il vaut amplement la peine d’aller jusqu’au bout de la lecture.
Les chapitres semblent parfois un peu décousus, surtout le lien entre les premiers sur les valeurs de laïcité au Québec et au Canada, dans le cadre du débat sur la Charte des valeurs québécoises qui faisait rage au moment de l’écriture de cet essai. L’on se perd souvent dans les exercices d’analyse comparative avec les écrits d’autres auteurs, surtout si l’on n’est pas habitué à ce type de lecture universitaire.
Toutefois, les chapitres qui reviennent sur des périodes-clés de l’histoire canadienne sont limpides et très éclairants. Guy Laforest en fait une synthèse et une analyse très constructive. L’attention qu’il met à éclairer le parcours politique et l’héritage intellectuel de Pierre Elliott Trudeau via son ancien collaborateur André Burelle est l’un des moments forts de cet essai somme toute fort intéressant.
Cet ouvrage fait beaucoup réfléchir et met des mots sur ce sentiment d’exil du Québec dans la fédération canadienne que bon nombre de Québécois ressentent fort probablement sans être capable de l’identifier. Guy Laforest détaille les éléments qui contribuent à renforcer cet exil intérieur dans la fédération et détermine les conditions qui ont mené à cette situation intenable pour l’avenir québéco-canadien. Son cadre d’analyse est fort utile à ce propos pour amener des solutions à ce statu quo qui rend nombre de citoyens cyniques.
Somme toute, il faut être un lecteur averti avant de se plonger dans cette lecture, mais une fois habitué au langage académique, l’on se prend à réfléchir profondément à la nature de la fédération canadienne et à l’avenir du Québec en son sein, souveraineté ou pas. Une réflexion qui fait cruellement défaut sur l’espace public et que Laforest a le courage de relancer.
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de la rédaction