LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Albin Michel
Il s’en est fallu de peu pour que l’inspecteur rabougri Carl Morck et ses fidèles complices Assad et Rose déclinent la prise en charge de ce dossier presque aussi vieux que l’humanité. Mais, les circonstances étant ce qu’elles sont, le suicide pour le moins inattendu de Christian Habersaat va leur secouer les puces et les forcer à prendre part à une expédition à Bornholm, une petite île danoise de la mer Baltique, pour tenter de comprendre ce qui a bien pu arriver à Alberte, décédée tragiquement au cœur d’un imbroglio qui donne froid dans le dos.
Les années passent, et on se rappelle toujours des audacieux thrillers policiers L’effet papillon et Délivrance, qui ont propulsé le Danois Jussi Adler Olsen au rang des grands. À l’instar de Martin Michaud et son Victor Lessard, ou encore de Camilla Läckberg et sa protégée Erika Falck, il est toujours un pur bonheur de plonger dans l’univers sans fenêtres du département V, là où y travaille un trio pas piqué des vers, habitué à éplucher les cold cases dont la police danoise refuse de s’occuper.
Si celui-ci s’avère tout un casse-tête, c’est la trame secondaire qui captive davantage que l’enquête policière elle-même.
Car de fil en aiguille, Carl Morck et sa bande réussiront à déterrer quelques ossements d’un passé peu glorieux, interrogeant çà et là des protagonistes qui leur révéleront des détails qui feront avancer l’enquête au compte-gouttes. Et c’est peut-être cette lenteur des évènements qui épuise à la longue, car les pièces sont si longues à se mettre en place que toute notre attention se tourne vers l’histoire en parallèle, celle où l’on découvre l’île d’Öland, le gourou Atu Abanshamash Dumuzi, la désaxée Pirjo ainsi que divers personnages qui viennent peupler ce microcosme dostoïevskien.
Et, comme dans toute bonne histoire d’Adler Olsen, on laisse notre imagination se balancer sur la tête de l’un à l’autre, avec l’accusation jamais bien loin, mais l’auteur joue toujours aussi habilement ses cartes et nous conduit inextricablement vers une finale inattendue.
Si, au cours des presque 650 pages on souffre parfois de l’effet de longueur qui alourdit la trame narrative du récit, rassurez-vous, nous sommes toujours entre de bonnes mains avec cet auteur incontournable qui a ce don inné d’imaginer des histoires tordues aux dénouements toujours, toujours surprenants.
«Promesse» de Jussi Adler Olsen, Albin Michel, 649 pages, 32,95 $.
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de la rédaction