Prenez une pause juteuse et déjantée avec «Le bestiaire des fruits», signé Zviane – Bible urbaine

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Prenez une pause juteuse et déjantée avec «Le bestiaire des fruits», signé Zviane

Prenez une pause juteuse et déjantée avec «Le bestiaire des fruits», signé Zviane

Publié le 5 mars 2014 par Isabelle Léger

Crédit photo : La Pastèque

Au tournant des années 2000, Zviane (nom de plume en forme de diminutif de la bédéiste Sylvie-Anne Ménard) a eu l’heureuse intuition d’apprivoiser activement son environnement multiculturel (ville Saint-Laurent) par l’intermédiaire des fruits exotiques qui se trouvaient sur son chemin (enfin, elle aidait le hasard en allant à l’épicerie). Elle s’est alors autoproclamée samouraï des fruits et s’est investie d’une mission qu’encore personne n’avait osé relever: dresser une grille d’évaluation des fruits exotiques qui, une fois remplie, constituerait un bestiaire des fruits à l’usage du Québécois moyen ouvert d’esprit (et peut-être de papilles, si le cœur lui en dit).

Publiées aux éditions La Pastèque, les aventures de Zviane au pays des fruits sont constituées de seize chapitres où elle nous relate sa rencontre avec un spécimen. Chaque chapitre se clôt avec une évaluation en quatre critères pour attribuer une note sur 40. Outre le ton humoristique qui fait flèche de tout bois et le mode d’autodérision bien dosée, on apprécie la très grande liberté imaginative qui parsème la bande dessinée. Sans basculer dans le dérapage absurde, certaines histoires prennent des tournures inattendues et franchement rigolotes. Par exemple, s’il est amusant de découvrir toutes les vertus recelées par la figue de barbarie (en plus de l’origine de son nom), il est absolument hilarant d’apprendre à la manger en compagnie de Frank Zappa.

Le style graphique simple et expressif, de type ligne claire, convient évidemment bien au propos. Il permet à la folie de s’exprimer par les distorsions et les gros plans, dans les yeux, la bouche de la goûteuse, et de prendre à point nommé le relais de l’écriture. Bref, ce bestiaire vous fait oublier le jardin d’Éden et vous réconcilie avec la Création, en un matin de grosse pluie battante ou d’indélogeable froid québé-sibérien.

L’autodérision ayant franchement la cote depuis quelques années, peut-être que l’audace aurait été de disséminer çà et là quelques pointes critiques ou plus mordantes, ce que Zviane ne fait qu’effleurer avec une vignette intégrant l’animateur Ricardo. Tout de même, on ne boude pas son plaisir et, à la 118e page, le seul regret est que Zviane n’ait pas eu la ténacité (l’entêtement?) de faire un traité exhaustif!

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