«Populaire» de Maya Van Wagenen – Bible urbaine

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«Populaire» de Maya Van Wagenen

«Populaire» de Maya Van Wagenen

La revanche des Ugly Betty

Publié le 21 juillet 2014 par Camille Masbourian

Crédit photo : Michel Lafon

Toutes les écoles secondaires sont régies par une échelle de popularité dont l’équilibre tient à peu de choses. Quand Maya Van Wagenen, inspirée par un livre des années 50, a décidé qu’elle irait à l’encontre de cette hiérarchie, elle ne s’attendait pas à provoquer une petite révolution des «classes sociales» de son école. Pourtant, en à peine neuf mois, à l’âge de 13 ans, c’est ce qu’elle a réussi à faire, et qu’elle relate dans son journal intime, aujourd’hui publié et traduit en français sous le titre «Populaire: L’histoire vraie d’une geek devenue reine du vintage».

Avant de devenir une des adolescentes les plus influentes au monde, selon le Time Magazine en 2013, Maya Van Wagenen était une petite écolière tout ce qu’il y a de plus normale. Sauf que contrairement aux filles dans le haut de l’échelle de popularité de son école, elle n’avait absolument aucun intérêt pour le maquillage, la mode, son apparence en général, ou les liens sociaux.  Timide, n’ayant pas le réflexe d’aller vers les autres, elle avait même tendance à fuir les quelques personnes qui tentaient de s’approcher d’elle, à l’exception de Kenzie, sa meilleure amie, ainsi que quelques autres «exclus» qui s’assoyaient à sa table au dîner.

Un été, en faisant du ménage avec sa famille, elle tombe sur le Guide de popularité à l’attention des adolescentes, écrit par l’ex-mannequin Betty Cornell plus de 50 ans auparavant. Sur une idée de sa mère, Maya a décidé de suivre à la lettre les conseils de Betty. Posture, coiffure, maquillage, vêtements, attitude, bijoux, alimentation, exercices… tout y passe. Malgré les commentaires et les moqueries, malgré les difficultés, et malgré les larmes qu’elle a pu verser, Maya a tenu bon durant toute une année scolaire, jusqu’à pouvoir en apprécier les résultats notamment lors de la soirée de fin d’année. De quasi inconnue qui longeait les murs, elle est devenue la fille qui danse avec toute le monde lors de son bal, qui s’asseoit aux tables d’élèves qu’elle ne connaît pas lors des dîners, et qui, spontanément, va vers les autres pour leur demander leur définition de la popularité.

Sans doute, l’élément le plus étonnant de cette lecture est le caractère véridique de cette histoire. Il est étonnant de lire à quel point ces échelles sociales, en place depuis si longtemps, ne tiennent finalement pas à grand-chose. Qui aurait pensé depuis tout ce temps qu’il ne suffisait que d’aller dîner avec les joueurs de football et de saluer les «filles superpopulaires qui s’habillent sexy» pour faire tomber les conventions? Qui aurait cru que chacun a une définition différente de la popularité, mais qu’étonnamment, personne ne se croit populaire?

Cependant, si l’expérience sociale est intéressante, le message reste en partie un peu arriéré. À part pour ce qui est de l’attitude et de l’interraction avec les autres, les conseils de Betty Cornell, appliqués par Maya Van Wagenen, concernent surtout l’apparence, comme s’il fallait une apparence parfaite pour soudainement devenir populaire. Plus Maya avançait dans son expérience, plus elle se rendait compte qu’elle allait susciter des réactions peu importe la façon dont elle était habillée. Par contre, elle ne dis jamais qu’au fond, l’apparence importe peu, et s’efforce de paraître impeccablement habillée et maquillée en permanence. À une époque pendant laquelle on essaie de faire comprendre aux jeunes filles, qui sont définitivement le public cible de cette histoire, que les modèles des magazines ne courent pas les rues, que chacun doit accepter son corps tel qu’il l’est, et que le maquillage ne fait pas réellement office d’armure pour affronter la vie, le message lancé par le livre semble un peu contradictoire. Heureusement, plus le récit avance, plus Maya délaisse le côté apparence de sa mission pour se concentrer sur ses relations avec des camarades de classe.

Visiblement, son incroyable histoire a déjà charmé beaucoup de monde aux États-Unis, parce qu’en plus d’être nommée dans la liste des adolescentes les plus influentes au monde, Maya Van Wagenen verra sans doute son livre adapté au grand écran, les droits ayant déjà été acquis par Dreamworks!

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