LittératureRomans québécois
Crédit photo : Tous droits réservés @ Montage: Nathalie Slupik
La part de l’océan de Dominique Fortier
En 2018, Dominique Fortier plongeait dans l’univers d’Emily Dickinson avec l’œuvre Les villes de papier, qui lui aura mérité le Prix Renaudot essai 2020 et aura été traduit dans une quinzaine de langues.
Pour son dixième livre, l’autrice tente de nouveau l’expérience de nous emmener à la rencontre d’un auteur: cette fois, il s’agit de Herman Melville, le père de Moby Dick.
Alors qu’il est plongé dans la rédaction de Moby Dick, Herman Melville fait la connaissance de Nathaniel Hawthorne, une rencontre qui bouleversera le cours de sa vie et celui de son roman.
De cette histoire vraie subsistent aujourd’hui une poignée de lettres qui ont servi de point d’ancrage à La part de l’océan, un livre comme une traversée sans carte et sans boussole.
La part de l’océan, Dominique Fortier, Éditions Alto, 4 septembre, 27,95 $.
Dorothée et les couleuvres d’Hélène Forest
Hélène Forest, du groupe punk rock féministe Chârogne, signe à présent son premier roman.
C’est l’histoire de Dorothée, onze ans, qui erre sous la canicule. Fascinée par les gens qui peuplent son décor, elle demeure le plus souvent en retrait, emportée par ses pensées qui oscillent entre un éblouissement devant la magie inouïe qui anime le monde et un douloureux sentiment d’inaptitude avec celui-ci.
Aspirante sorcière de ruelle, démiurge des bois, elle observe le chat noir de malheur du quartier, porte secours aux insectes et reconnaît sa propre voix en celle silencieuse des nonnes cloîtrées au monastère du Carmel. Laissant par moments son identité se dissoudre parmi ses angoisses, Dorothée cherche l’épiphanie qui lui révélerait son rôle dans l’univers.
Petit roman vertigineux, Dorothée et les couleuvres est marqué de fulgurances poétiques et signale l’apparition d’une voix littéraire lumineuse, d’une sensibilité singulière.
Dorothée et les couleuvres, Hélène Forest, La Mèche, 16 septembre, 19,95 $.
Le don de Kristina Gauthier-Landry
Kristina Gauthier-Landry a remporté le prix littéraire Myriam-Caron en 2021 grâce à son premier livre à La Peuplade, Et arrivées au bout nous prendrons racine. Avec Le don, elle continue d’explorer les thématiques de la filiation et de l’affranchissement.
Quelque part sur une île qui n’en est pas une, une femme possède tous les dons sans le savoir, car personne ne le lui a dit: le silence, la souplesse, les souvenirs, et surtout, l’amour. Un jour naît la fille qu’elle attendait depuis longtemps. L’enfant apprend à lire le monde et à déjouer le sort sur cette terre impossible, où elle se voit confier par sa mère les clés d’une langue indisciplinée. Devenue grande, ayant pris le large vers la ville où elle vit pour deux, la fille donne à son tour naissance à sa mère en racontant leur histoire.
S’adressant à celle qui lui a tout donné, Kristina Gauthier-Landry offre un récit indocile et lumineux.
Tissant des liens entre des générations de femmes discrètes, elle tente un cri à fendre les eaux, prête à tout remuer pour vivre sa vie et laisser la preuve qu’elle existe.
Le don, Kristina Gauthier-Landry, La Peuplade, 2 octobre, 27,95 $.
Les sentiers de neige de Kev Lambert
Kev Lambert, qui a remporté l’an dernier les Prix Médicis, Décembre et Ringuet pour son roman Que notre joie demeure, explore cet automne sa fascination pour le point de vue des enfants sur le monde : son prochain roman Les sentiers de neige s’intéresse à l’enfance et à ce sentiment d’exclusion que certains ressentent durant la période des Fêtes en famille.
C’est le premier Noël depuis la séparation. Les parents de Zoey se sont fait un calendrier du temps des fêtes pour la garde partagée. Sa mère souffre que son garçon passe le 24 décembre loin d’elle. Zoey sera avec son père au Lac-Saint-Jean, elle l’aura après.
Au milieu des flocons scintillants et des grands froids, de Noël au jour de l’An, dans une famille ou dans une autre, Zoey va surtout explorer les sentiers hallucinés de l’enfance avec sa cousine préférée, Émie-Anne, la plus courageuse personne de son âge qu’il connaît.
Tantôt inquiétants comme un cantique, tantôt plus magiques et merveilleux que les anges dans nos campagnes, les sentiers de neige nous conduisent jusqu’à la crête de terribles destinées.
Les sentiers de neige, Kev Lambert, Éditions Héliotrope, 2 octobre, 31,95 $.
Où les bateaux ne viennent qu’à la pleine lune de Gabrielle Johanne
Les éditions Poètes de brousse nous présentent à leur tour une jeune primoromancière à la voix incandescente: Gabrielle Johanne, 29 ans.
Cinq filles, n’ayant en commun qu’un père et la tante préférée de ce dernier, arrivent peu après leur naissance sur l’une des îles d’un archipel du Saint-Laurent, où la tante Adélaïde a élu et nourri son sanctuaire solitaire durant des décennies. Nouées par un amour profond et par la nature insatiable les entourant, sous la garde tantôt omnisciente, tantôt lunatique de leur aïeule aux dons fabuleux, les sœurs entament des destins insulaires que leur père se figure aussi spectaculaires que bizarres.
Dans l’univers venteux, vivace et amoureux de L’Isle-aux-Grues, là où le minuscule s’aborde comme une immensité, tout ce qui abreuve et ravit les enfants rend du même coup leur bonheur futur un peu moins accessible, un peu plus mirobolant. Les destins se révèlent des sentiers à entretenir et à perdre du pied sans cesse.
Où les bateaux ne viennent qu’à la pleine lune est l’histoire de la poésie affamée qui écorche et unit, d’une recherche parfois désespérée de la lucidité qui, nous aidant à affronter la réalité, nous y expose également d’une façon plus crue que jamais.
Où les bateaux ne viennent qu’à la pleine lune, Gabrielle Johanne, Poètes de brousse, octobre, 28,95 $.
Poudreuse de Sophie Lalonde-Roux
Loup-Antoine, un jeune adulte désœuvré et en proie à des problèmes de dépendance, est mis dehors par sa mère dans une tentative désespérée de le pousser à se prendre en main. Livré à lui-même dans les rues de Montréal, il trouve secours en renouant avec son ami Étienne, un étudiant en médecine qui tente de l’aider tout en devenant, paradoxalement, son partenaire de consommation.
Leurs retrouvailles prennent rapidement des airs d’idylle amoureuse, mais le mal-être profond et la tendance à l’excès de Loup-Antoine condamnent cette relation au naufrage. Son seul espoir est de partir loin de ce qui le fait souffrir. Exilé en Gaspésie, Loup-Antoine devra faire face à ses deuils, lutter contre ses dépendances et apprendre à être heureux.
Alliant une prose mordante et crue à une histoire poignante de résilience et de quête de sens, Sophie Lalonde-Roux livre un roman d’apprentissage queer à la fois sensible et authentique, sans escamoter les moments de poésie et de lumière.
Poudreuse, Sophie Lalonde-Roux, L’instant même, 19 août, 21,95 $.
Les Pâtes de Christian Lambert
C’est une grosse année pour Les Pâtes. La petite municipalité est aux prises avec des criminels amateurs, des comptes à régler, des infrastructures désuètes et une étrange disparition. Pourtant, l’activité bat son plein, entre le rachat du vieux motel, les campagnes publicitaires à concevoir, et les touristes qui se pointent le bout du nez.
La ville, ici, a sa propre volonté et n’entend pas mettre un frein à sa revitalisation…
Dans ce premier roman mi-tragique mi-loufoque, Christian Lambert explore les liens entre l’individu et son environnement urbain, parfois si peu fait pour accommoder les aspirations humaines.
Il propose ainsi un récit teinté d’urbanisme qui fait d’une petite ville le cœur battant de son intrigue.
Les Pâtes, Christian Lambert, De la maison en feu, 28 août, 23 $.
La ricaneuse d’Eric Dupont
Professeur à l’université McGill, Eric Dupont est l’auteur du bestseller La fiancée américaine, publié en 2015 aux éditions Marchand de feuilles.
Saga familiale montréalaise prenant racine dans les fermes au pied du mont Royal où se cultive le melon brodé à la fin du XIXe siècle, La Ricaneuse navigue entre Mary Gallagher, célèbre fantôme de Griffintown, le tavernier Charles McKiernan, ami des démunis et montreur d’ours, et un mystérieux enfant prophète qui produit des dessins futuristes.
Roman infusé tant du passé que du futur et des facettes multiples de l’amour, La Ricaneuse pleure le départ d’un coup de foudre tout en célébrant l’arrivée des semences nouvelles.
La ricaneuse, Eric Dupont, Marchand de feuilles, 9 septembre, 35,95 $.
Bonjour mon cœur de Fanny Britt
La toujours prolifique Fanny Britt nous fera cadeau, fin septembre, d’un roman pour ados à la magnifique couverture signée Catherine Ocelot.
Bernadette, quatorze ans, est prise d’un malaise alarmant pendant son concert de fin d’année. Convaincue d’être atteinte d’une maladie cardiaque, elle scrute son pouls, et l’été à Kamouraska, loin de sa meilleure amie Lina, s’annonce pénible. Elle redoute surtout qu’une autre crise survienne au bistro où elle est embauchée, devant l’équipe de la cuisine et Kiki, seize ans, à la réplique railleuse.
Forte de ses nouvelles amitiés, Bernadette prend bientôt ses distances avec ses parents surprotecteurs – non sans découvrir au passage que les adultes n’échappent pas aux dangers qu’ils semblent voir partout.
Entre angoisse et fureur de vivre, Bonjour, mon cœur pulse au rythme de la musique et de la plume de Fanny Britt.
Bonjour mon cœur, Fanny Britt, Le Cheval d’août, 24 septembre, 25,95 $.
Voyage à la villa du jardin secret de J.P. Chabot
J.P. Chabot enseigne la littérature au Cégep de Rimouski et travaille comme pigiste dans le milieu de l’édition. Il signe cette année sa troisième œuvre publiée chez Le Quartanier.
Audrey-Ann vit avec l’ataxie de Friedreich, une maladie neuromusculaire dégénérative qui altère sa proprioception, cause des douleurs et l’a mise au fauteuil roulant. Elle veut incarner une joie pure, mais il n’y a plus de rêves sur sa liste. Elle a trente ans et elle pense à mourir. On lui propose un dernier voyage, pour éviter l’hiver.
L’histoire commence à la Secret Garden Villa, entre les bananiers, alors qu’on lit une partie de ce livre au sujet de notre rencontre. Mais le voyage tourne mal et un retour précipité impose des questions cruelles, qui réorientent la vie et ce récit.
Voyage à la villa du jardin secret esquisse le portrait d’une amitié en s’interrogeant sur le handicap, le soin, l’enseignement et le sens de la littérature.