LittératurePoésie et essais
Crédit photo : Éditions Stanké
Dans son ouvrage, Tania Longpré n’y va pas de main morte pour décrire les fâcheuses réalités de l’éducation au Québec. Combien d’enseignants ont dû investir directement de leurs poches pour se procurer suffisamment de matériel éducatif afin d’assurer le bon fonctionnement de leur classe, et ce, parce que le budget alloué au système de l’éducation ne leur permet pas d’en assumer les coûts? Pourquoi les écoles québécoises sont majoritairement désuètes et tombent en décrépitude, sans compter qu’elles rendent parfois les professionnels et les enfants malades? Pourquoi les enseignants québécois doivent, régulièrement, utiliser de leur propre temps pour remplir une infinité de formulaires et de paperasserie inutiles, au lieu d’utiliser ce temps rare et précieux pour planifier leur travail ou pour créer du matériel pédagogique? Avec tous ces questionnements, aussi nombreux soient-ils, l’auteure veut démontrer les dures réalités et la dévalorisation du métier d’enseignant auxquelles les professeurs doivent faire face quotidiennement.
Fait surprenant: le décrochage scolaire n’existe pas seulement du côté des étudiants; il existe également du côté des enseignants qui quittent leur métier, et les taux sont très alarmants. En effet, contemplé du préscolaire au secondaire, presque le tiers des nouveaux enseignants quittent la profession dans les cinq premières années de leur vie professionnelle. De plus, près d’un professeur sur trois présenterait un taux de détresse psychologique inquiétant. Qu’est-ce qui peut justifier ces chiffres si élevés? Selon l’auteure, beaucoup de facteurs peuvent influencer les enseignants à plier bagage: «l’intégration de tous les types d’élèves en classe régulière depuis la réforme et la gestion de classe que cela entraîne, la précarité de l’emploi, l’instabilité des postes et la lenteur à obtenir une permanence». Où cette réalité peut-elle mener le peuple québécois en matière d’éducation? Qui seront les prochains enseignants? Seront-ils assez compétents? L’auteure, avec sa plume très directe, mais ô combien réaliste, permet au lecteur, c’est-à-dire à tous les enseignants, futurs enseignants, directeurs d’écoles, étudiants, parents, ministres, et tout citoyen qui se préoccupe de l’éducation, de remettre en doute toutes ces réflexions.
De plus, tout au long des 160 pages de l’ouvrage, de multiples exemples sont tirés de l’expérience personnelle de l’auteure ou de celle de ses collègues de travail, ce qui donne un plus à la crédibilité de ses propos qui sont, disons-le, clairement démoralisants. Non pas par ses exemples choisis, mais par ses constats tirés de la réalité de l’éducation québécoise. Aussi, de nombreuses citations et références sont choisies avec soin afin d’appuyer ses arguments parfois tranchants.
Enfin, malgré tous les maux de l’éducation au Québec constatés et décrits dans son ouvrage, Tania Longpré termine sur une note touchante et d’espoir avec son chapitre intitulé «Le plus beau métier du monde». C’est d’ailleurs dans cette dernière partie du livre que nous constatons à quel point les enseignants sont un modèle influent pour tous les jeunes et adultes et qu’ils peuvent même changer leur vie. Ainsi, comme l’écrit si bien l’auteure, il est grand temps que le système de l’éducation québécois devienne une vraie priorité du Québec et que des changements y soient rapidement apportés.
Péril scolaire – Les dix maux de l’éducation au Québec est en vente, depuis le 18 février dernier, dans toutes les bonnes librairies, au prix de 24,95 $.
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de la rédaction