«Passage» de Yanick St-Yves – Bible urbaine

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«Passage» de Yanick St-Yves

«Passage» de Yanick St-Yves

Folie passagère ou univers fantastique?

Publié le 29 janvier 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : Mortagne

Après avoir fait paraître les romans à succès Chambre 426 de Madeleine Robitaille et Les Maudits: Résurrection tome 1 d’Edith Kabuya, les éditions Mortagne récidive avec Passage de Yanick St-Yves, un récit prenant qui nous tient d’emblée en haleine à cause de son ambivalence stylistique.

Oscillant sur la corde raide entre les genres réaliste et fantastique, Passage est un récit complexe, entrecoupé d’ellipses en début de parcours, qui rendent sa véritable identité aussi nébuleuse qu’un paysage un jour de brouillard. Son protagoniste Thomas Despins est-il en train de perdre la boule ou un démon a réellement pris possession de l’esprit de sa bien-aimée Catherine?

En réalité, le drame qu’a vécu Thomas est d’une tristesse incommensurable. Ce dernier, alors qu’il était en voyage d’affaires en Corée du Sud, a perdu sa femme, sa deuxième moitié, l’amour de sa vie, décédée accidentellement dans des circonstances nébuleuses.

 À son retour à Montréal, Thomas, qui ignore toujours la tragédie, découvre son appartement vide: Catherine n’est pas au rendez-vous pour l’accueillir. Il y a à coup sûr quelque chose qui cloche. Or, à son réveil, 24 heures, 48 heures ou 72 heures plus tard, il l’ignore, Catherine est là, dans l’appartement, mais son caractère, d’habitude si enjoué, est changé du tout au tout. De femme aimante, Catherine est devenue une ordure de la pire espèce, envoyant paître Thomas à la moindre excuse. Un jour, la sonnette retentit et Guy, un ami de la famille, essaie de remettre les pendules à l’heure en lui annonçant que sa femme est décédée il y a quelque temps et qu’il s’est lui-même charger d’organiser ses funérailles. Thomas aurait-il été victime d’une crise de paranoïa lui ayant brouillé l’esprit? Un démon aurait-il pris possession de sa dulcinée dont chaque parcelle de sa personnalité lui manque au plus haut point? Si elle a été enlevée par une force maléfique quelconque, comment réussira-t-il à la retrouver?

Passage de Yanick St-Yves avait toutes les qualités requises pour tomber dans le déjà-vu et le réchauffé, par contre, la force de son auteur est d’avoir imaginé une direction déstabilisante, laissant le lecteur complètement coi devant autant de savoir-faire. D’entrée de jeu, les quelques ellipses, permettant à St-Yves de faire diversion et d’apporter son lecteur là où il le souhaite, peuvent être déstabilisantes, surtout si vous avez l’habitude de lire à petites doses sur une longue période. Loin de là l’idée de nous berner, Yanick St-Yves souhaite plutôt nous faire douter quant au dénouement de l’histoire, qu’il est fastidieux de deviner avant la chute.

Si, dans son style, l’auteur se démarque de la mêlée, Passage reste certes un roman surprenant et avant-gardiste, sans être pour autant un coup de cœur ou un incontournable. À certains moments, les péripéties de Thomas battent de l’aile, tellement la suite des choses est osée, voire tirée par les cheveux, par contre, si vous aimez être balancé en terrains inconnus et prendre part à des aventures hors du commun, ce livre saura certainement piquer votre curiosité.

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